LIBERIA : Une banque agricole au service d’une agriculture durable et de la protection de l’environnement

Au Liberia, l’agriculture occupe une place centrale dans l’économie nationale, représentant environ 33 % du PIB et faisant vivre près de 39 % de la population active. Mais au-delà de son poids économique et social, le secteur agricole est également au cœur des enjeux environnementaux du pays, dans un contexte marqué par le changement climatique, la dégradation des sols et la pression croissante sur les ressources naturelles.

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Le Sénat libérien a récemment adopté un projet de loi portant création de l’Agriculture Enterprise Development Bank of Liberia, une institution financière publique dédiée au financement du secteur agricole. Selon le média local The Liberian Investigator, le texte doit encore être approuvé par la Chambre des représentants et promulgué par le président avant d’entrer en vigueur.

Pour les autorités, cette initiative vise à corriger un déséquilibre structurel : la faible orientation des financements bancaires vers l’agriculture. D’après le rapport annuel 2024 de la Banque centrale du Liberia (CBL), le secteur agricole n’a bénéficié que de 4,1 % des prêts bancaires, en dépit de son rôle stratégique. Cette situation freine non seulement la productivité agricole, mais limite également les investissements nécessaires à la transition vers des pratiques plus durables et résilientes.

L’accès restreint au crédit est un problème largement répandu en Afrique subsaharienne. Les risques climatiques croissants, le manque de garanties financières, ainsi que l’éloignement des services bancaires dans les zones rurales dissuadent les banques commerciales de financer les exploitations agricoles. Pourtant, ces mêmes risques climatiques rendent indispensables des investissements dans des systèmes de production plus respectueux de l’environnement : agriculture climato-intelligente, gestion durable des sols, irrigation maîtrisée ou encore diversification des cultures.

Avec la création de l’Agriculture Enterprise Development Bank of Liberia, le gouvernement ambitionne d’élargir l’accès au financement pour des milliers de petits exploitants et d’entreprises rurales, tout en orientant les investissements vers des pratiques agricoles durables. Grâce à des partenariats avec les agences publiques, les institutions financières, les organisations paysannes et les partenaires au développement, la banque pourrait devenir un levier clé pour encourager une agriculture à la fois productive et respectueuse des écosystèmes.

La future institution devrait proposer des produits financiers adaptés aux réalités du monde rural, mais aussi des services complémentaires tels que l’assistance technique, l’appui à la vulgarisation agricole, l’accès à l’assurance et la facilitation de l’accès aux marchés. Ces services pourraient jouer un rôle déterminant dans la diffusion de bonnes pratiques environnementales, notamment en aidant les agriculteurs à réduire la déforestation, à préserver la biodiversité et à mieux faire face aux aléas climatiques.

« Ce n’est pas seulement la création d’une nouvelle banque. C’est un engagement national à placer l’agriculture, notre premier employeur et l’épine dorsale des moyens de subsistance ruraux, au cœur de l’agenda de développement du Liberia », a déclaré le sénateur Joseph Jallah. Un engagement qui pourrait également contribuer à renforcer la sécurité alimentaire tout en réduisant l’empreinte environnementale du pays.

En renforçant la production agricole locale, Monrovia espère réduire sa dépendance aux importations alimentaires, qui pèsent lourdement sur les finances publiques. En 2024, le Liberia a importé pour près de 396,4 millions de dollars de produits alimentaires, notamment du riz, du blé et des huiles comestibles. Une production nationale plus performante et durable permettrait de limiter ces importations, tout en favorisant une meilleure gestion des ressources naturelles.

Les prochains développements permettront de mesurer si l’entrée en service de cette banque parviendra à transformer durablement le financement agricole au Liberia et à concilier développement économique, résilience climatique et protection de l’environnement.


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