AVICULTURE VILLAGEOISE ET INNOVATION VERTE : Quand la couveuse solaire fait éclore l’avenir de l’élevage rural au Bénin

Grâce à l’énergie du soleil, un formateur béninois transforme les pratiques traditionnelles d’élevage de volailles et redonne espoir aux producteurs ruraux confrontés à une demande croissante en poulets locaux.

Elevage traditionnel avec le soleil Légende : Elevage traditionnel avec le soleil

Face à l’engouement constant des consommateurs pour les volailles locales, pintades et « poulets bicyclettes » réputés pour la qualité de leur chair, l’aviculture villageoise béninoise peine encore à suivre le rythme du marché. En cause : une reproduction lente, des pertes élevées et des méthodes traditionnelles peu productives. C’est pour répondre à ces défis que Machoud Mama, formateur agro-vétérinaire, a choisi de miser sur une solution à la fois simple, durable et accessible : la couveuse solaire.

Héritier d’un savoir-faire transmis par son père, ancien praticien vétérinaire, Machoud Mama a fait le pari de moderniser l’élevage sans rompre avec les pratiques locales. Son approche repose sur une innovation adaptée aux réalités rurales, capable d’améliorer la productivité tout en renforçant l’autonomie des éleveurs.

La couveuse solaire, une réponse concrète aux limites de l’élevage traditionnel

Dans les villages, la reproduction naturelle constitue un véritable frein à la croissance des exploitations avicoles. Lorsqu’une poule couve puis élève ses poussins, elle cesse de pondre pendant plusieurs semaines, réduisant considérablement le rendement. La couveuse solaire vient rompre ce cycle.

Conçue à partir de matériaux locaux et alimentée par l’énergie solaire, cette technologie permet d’incuber les œufs sans immobiliser les poules. Moins coûteuse que les équipements importés et facile à réparer, elle s’adapte parfaitement aux zones rurales souvent dépourvues d’électricité fiable. À travers ses formations, Machoud Mama apprend aux éleveurs à fabriquer, utiliser et entretenir eux-mêmes leurs couveuses solaires, renforçant ainsi leur indépendance technique.

Les résultats sont probants : une incubation mieux maîtrisée, une réduction notable des pertes et une augmentation significative du nombre de poussins produits.

Une formation itinérante au plus près des communautés

Lancée en 2022, l’initiative prend la forme d’une vaste campagne de formation itinérante. De commune en commune, Machoud Mama partage des compétences pratiques portant sur la fabrication des couveuses solaires, l’élevage des poussins et les techniques de réduction de la mortalité aviaire.

Pour maximiser l’impact, les sessions sont organisées en partenariat avec des radios communautaires et animées en langues locales. Cette approche inclusive facilite l’appropriation des connaissances et suscite un fort engouement. Dans plusieurs localités, la demande a été telle que les formations ont dû être reconduites.

Un projet déjà déployé dans plus de la moitié des communes du pays

À ce jour, l’initiative a touché 43 des 77 communes du Bénin, notamment dans les départements du Borgou, de l’Alibori, de l’Atacora et de la Donga. Sur le terrain, les éleveurs formés constatent une amélioration sensible de leurs pratiques, une hausse de la production et une meilleure maîtrise sanitaire des élevages.

Des défis subsistent néanmoins, notamment le coût initial des installations solaires, le respect des règles d’hygiène et de biosécurité, ainsi que les contraintes sécuritaires dans certaines zones. Autant d’obstacles qui appellent un accompagnement institutionnel renforcé.

Portée par l’énergie solaire et l’intelligence locale, l’initiative de Machoud Mama s’impose comme un modèle d’innovation rurale durable. Avec l’appui des pouvoirs publics, des partenaires techniques et financiers et des organisations de développement, la couveuse solaire pourrait devenir un levier majeur de sécurité alimentaire et de création d’emplois en milieu rural béninois.


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