Alors que le Sénégal ambitionne un accès universel à l’électricité d’ici 2030, des organisations de la société civile estiment que le modèle actuel, centré sur le réseau national, ne suffit pas à combler les inégalités persistantes entre zones urbaines et rurales. Elles appellent à renforcer les solutions décentralisées, notamment les mini-réseaux solaires et les systèmes hors réseau.
Légende : Transition Energétique
Le Sénégal a enregistré des progrès notables dans l’accès à l’électricité au cours des dernières années. Selon des données gouvernementales compilées en 2025, le taux d’accès national atteint environ 84 %. Toutefois, cette moyenne cache de profondes disparités territoriales : plus de 30 % des communautés rurales restent encore privées d’électricité, faisant de l’électrification rurale l’un des principaux défis à relever pour atteindre l’objectif d’accès universel fixé à l’horizon 2030.
Face à cette situation, des organisations de la société civile sénégalaise défendent le développement de solutions d’électrification décentralisées afin de compléter la transition énergétique en cours. Cette position a été relayée par l’Agence de presse sénégalaise (APS), mardi 16 décembre, à l’issue d’un atelier public réunissant différents acteurs du secteur.
Selon Fatimata Diallo, coordinatrice nationale de la plateforme des acteurs de la société civile, les projets énergétiques soutenus jusqu’à présent privilégient essentiellement l’augmentation de la production injectée dans le réseau électrique national. Cette approche repose principalement sur la construction d’infrastructures de production raccordées au réseau existant, sans garantir un accès effectif aux populations riveraines.
Pour illustrer cette limite, elle cite la centrale solaire de Bokhol, mise en service en 2016 avec une capacité de 20 mégawatts. Malgré la présence de cette installation, plusieurs localités situées à proximité demeurent toujours non électrifiées, mettant en lumière les insuffisances d’un modèle exclusivement centralisé.
À l’échelle internationale, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’environ 30 % des nouvelles connexions électriques nécessaires d’ici 2030 devront provenir de mini-réseaux et de systèmes hors réseau, en complément de l’extension des réseaux traditionnels. Un constat qui conforte les arguments en faveur d’une diversification des solutions d’électrification.
Dans cette dynamique, la Banque mondiale a confirmé en janvier 2025 le lancement du Senegal Energy Access Scale-Up Project, financé par l’Association internationale de développement. Ce programme prévoit l’électrification d’environ 200 000 ménages, de 600 centres de santé et de 200 écoles, ainsi que la construction ou la réhabilitation de près de 4 000 kilomètres de lignes électriques.
Parallèlement, les autorités sénégalaises ont présenté, lors du sommet énergétique Mission 300 tenu en janvier 2025, leur Pacte national pour l’énergie. Ce document stratégique fixe l’objectif de fournir l’électricité à 6,6 millions de personnes supplémentaires d’ici 2030, en combinant extension du réseau et solutions alternatives, afin de réduire durablement les inégalités d’accès entre territoires.