Malgré les politiques annoncées pour protéger les sols et restaurer les écosystèmes, la dégradation des terres continue de progresser à un rythme inquiétant. Selon des rapports récents, plus d’un tiers du territoire sénégalais est désormais touché, fragilisant les ressources naturelles, les moyens de subsistance ruraux et les équilibres écologiques.
Légende : Dégradation des terres
Alors que le Sénégal multiplie les engagements en matière de préservation de l’environnement et de gestion durable des ressources, le constat dressé par les institutions nationales et internationales demeure préoccupant. D’après un rapport publié en 2024 par la Cour de comptes, 34 % des terres du pays sont désormais considérées comme dégradées, soit près de 6 860 900 hectares. Une situation alarmante qui met en lumière la profondeur des pressions exercées sur les écosystèmes sénégalais.
Les causes de cette dégradation sont bien identifiées et s’inscrivent dans une combinaison de facteurs naturels et anthropiques. La déforestation, la salinisation des sols, l’érosion, les feux de brousse, le surpâturage et des pratiques agricoles inadaptées contribuent à affaiblir les terres, réduire leur fertilité et compromettre leur capacité à soutenir les activités humaines. Ces dynamiques cumulées menacent directement la sécurité alimentaire, les revenus des populations rurales et la biodiversité locale.
Les alertes se multiplient également sur le front forestier. Dans son rapport 2024 sur l’évaluation des ressources forestières mondiales, la FAO souligne que le Sénégal a perdu en moyenne 15 500 hectares de forêts par an entre 2015 et 2025. Cette disparition progressive du couvert végétal accélère l’érosion, affaiblit les sols et réduit la capacité des écosystèmes à jouer leur rôle régulateur face au changement climatique.
La persistance de ces phénomènes révèle les limites des dispositifs actuels de protection de l’environnement. Malgré des programmes de reboisement, de gestion durable des terres et d’adaptation climatique, les pressions démographiques, économiques et climatiques continuent de détériorer les ressources naturelles plus vite qu’elles ne sont restaurées.
Face à cette situation, la transition écologique du Sénégal apparaît plus urgente que jamais. Elle nécessite une meilleure coordination des politiques publiques, une implication accrue des communautés locales et un renforcement des pratiques agricoles durables. Sans un sursaut collectif, la dégradation des terres pourrait compromettre durablement la résilience écologique du pays et la stabilité des régions les plus vulnérables.