ÉNERGIES RENOUVELABLES EN AFRIQUE : Le solaire hors réseau, nouvel accélérateur de croissance et d’inclusion énergétique en Afrique

Face à un déficit électrique qui freine le développement, le solaire hors réseau s’impose comme la solution la plus rapide, la plus flexible et la plus abordable pour alimenter des millions d’Africains. Porté par des innovations technologiques et financières, mais freiné par des contraintes économiques et logistiques, ce secteur s’impose désormais comme une véritable industrie en pleine mutation.

Energie renouvelable Légende : Energie renouvelable

L’Afrique reste l’épicentre mondial de la pauvreté énergétique. Plus de 600 millions d’Africains — la moitié du continent — vivent encore sans électricité. Selon la Banque africaine de développement, cette situation perpétue un cycle de pauvreté, de pollution et de vulnérabilité sociale. Dans ce contexte, les solutions solaires hors réseau se positionnent comme une réponse stratégique, à la fois rapide et peu coûteuse, pour accélérer l’accès à l’énergie.

La Banque mondiale estime que le solaire autonome pourrait fournir d’ici 2030 l’électricité à 41 % des personnes encore non raccordées. En 2023, plus de 561 millions de personnes utilisaient déjà un équipement solaire hors réseau, signe d’une progression spectaculaire. Ces dispositifs permettent de réduire la dépendance au diesel, d’abaisser les coûts énergétiques et de créer des opportunités économiques nouvelles. Les pompes solaires stimulent l’agriculture, les réfrigérateurs réduisent les pertes alimentaires et améliorent les capacités de stockage médical. Les usages productifs gagnent du terrain dans l’agroalimentaire, les services et l’artisanat.

Le modèle de financement PAYGo a joué un rôle essentiel dans cette expansion en permettant aux ménages d’acquérir progressivement des équipements grâce au Mobile Money. Des acteurs privés comme Sun King, Bboxx ou encore Orange Energies ont fortement contribué au déploiement de cette énergie accessible. Orange Energies revendique près de 4 millions de bénéficiaires dans 13 pays et participe à des projets d’électrification rurale en Côte d’Ivoire, au Liberia ou en Guinée, grâce à une combinaison d’innovations numériques et de partenariats publics.

Cependant, les limites demeurent. Le PAYGo reste inaccessible pour une majorité de ménages ruraux, et les surcoûts logistiques dans les zones reculées renchérissent les prix de près de 60 %. Le secteur doit aussi affronter l’instabilité monétaire, la dépendance aux importations et la prolifération de produits de mauvaise qualité. Le taux de recouvrement des paiements plafonne à 62 %, menaçant la stabilité financière des opérateurs.

Pour pérenniser cet élan, les experts estiment qu’environ 3,6 milliards de dollars par an devront être mobilisés d’ici 2030, dont 40 % sous forme de subventions ciblées. Sans ces investissements publics, les ménages les plus pauvres resteront en marge de la transition énergétique.


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