La 30ᵉ Conférence des Parties (COP30), tenue du 10 au 22 novembre 2025 à Belém, au Brésil, s’est déroulée dans un contexte climatique d’une gravité exceptionnelle. L’année 2024 ayant été confirmée comme la plus chaude jamais observée, avec une anomalie de +1,55°C par rapport à l’ère préindustrielle, les attentes envers ce nouveau cycle de négociations étaient particulièrement élevées. Pourtant, malgré l’urgence, le troisième cycle des Contributions déterminées au niveau national (CDN) n’a pas produit l’élan espéré.
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La majorité des États ont soumis leurs plans avec retard et l’ambition globale reste insuffisante pour espérer maintenir le seuil de 1,5°C. Avant même l’ouverture, la tension était palpable : huit nouveaux points avaient été proposés pour figurer à l’ordre du jour, illustrant l’ampleur des défis à traiter. Face à cette pression, la Présidence brésilienne a néanmoins réussi à ouvrir des négociations de fond tout en initiant des consultations sur plusieurs sujets sensibles : mise en œuvre des obligations financières, restrictions commerciales unilatérales et analyse des récentes CDN. Ces discussions ont conduit à l’adoption de la décision « Mutirão », malgré des blocages persistants sur deux questions cruciales : la sortie progressive des combustibles fossiles et l’arrêt total de la déforestation, soutenus pourtant par un large éventail de délégations.
Une plénière finale sous haute tension
Le 22 novembre, la séance de clôture a été marquée par des tensions rarement observées en plénière finale. La Colombie, le Panama, l’Uruguay et d’autres délégations ont contesté le processus d’adoption de la décision relative à l’Objectif mondial d’adaptation (OMA), estimant que leurs motions d’ordre avaient été ignorées. Selon ces pays, le texte adopté ne reflétait pas fidèlement deux années de travaux techniques. Après une interruption d’une heure, le Président André Corrêa do Lago a reconnu des irrégularités procédurales tout en confirmant l’adoption formelle des décisions. Il a appelé à renforcer la transparence et l’intégrité du processus pour les prochaines sessions.
Des avancées politiques réelles malgré les tensions
Au-delà des tensions, plusieurs décisions importantes ont été validées sans heurts. Les Parties ont adopté un nouveau Plan d’action pour l’égalité des sexes, créé un mécanisme dédié à la transition juste et opérationnalisé le Programme de mise en œuvre des technologies. Elles ont également décidé d’ouvrir des travaux sur l’alignement des flux financiers avec l’Accord de Paris (Article 2.1(c)), mis à jour les informations nécessaires aux rapports ex ante sur le financement climatique et conclu l’examen du Mécanisme international de Varsovie sur les pertes et dommages. La COP30 a par ailleurs entériné l’accueil de futures éditions : la COP31 sera organisée en Turquie, en co-présidence avec l’Australie, et la COP32 se tiendra en Éthiopie, une première pour un pays classé parmi les PMA. Concernant les points restés sans consensus dans la décision « Mutirão », la Présidence brésilienne a annoncé l’élaboration de deux feuilles de route spécifiques : l’une pour l’abandon progressif des combustibles fossiles, l’autre pour l’arrêt et l’inversion de la déforestation. Elles seront présentées à la COP31.
Une participation record
Cette édition a rassemblé 56 118 participants sur site, dont plus de 23 000 délégués officiels, 13 402 observateurs, près de 4 000 journalistes, ainsi que plus de 5 000 participants en ligne. Une affluence qui témoigne de l’urgence climatique… et de la complexité croissante des négociations.