COP20 de la CITES : Que retenir des cinq premiers jours de négociations ?

La vingtième Conférence des Parties (CoP20) à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a ouvert sa première semaine sur un rythme dense. Entre sessions parallèles, discussions techniques et arbitrages diplomatiques, les cinq premiers jours ont posé les bases des décisions majeures qui pourraient redéfinir la gouvernance mondiale du commerce des espèces menacées.

 @ Eplusmedia Légende : @ Eplusmedia

Deux comités centraux, l’un consacré aux espèces marines, l’autre à la conformité et à la lutte contre le trafic, ont concentré l’essentiel des débats.

 

Espèces marines : des avancées significatives au Comité I

Le Comité I a placé les espèces marines au cœur de ses travaux, dans un contexte mondial marqué par la surpêche, l’urbanisation côtière et les pressions croissantes liées au commerce international. La vulnérabilité des ressources marines, déjà documentée par plusieurs rapports scientifiques, a fait consensus parmi les participants.

Au cours de ces cinq journées, plusieurs propositions d’inscription de nouvelles espèces marines aux annexes de la CITES ont été adoptées. Ces inscriptions visent à renforcer leur protection en soumettant leur commerce international à des contrôles plus stricts.

Elles concernent notamment des espèces très demandées sur les marchés mondiaux, dont l’exploitation non réglementée accentue les risques d’effondrement des populations.

Pour de nombreux délégués, ces décisions traduisent une prise de conscience accrue de l’urgence écologique. Elles témoignent aussi d’une volonté politique partagée de renforcer le cadre juridique international afin de prévenir l’extinction d’espèces marines déjà menacées par les changements climatiques et la dégradation des habitats.

 

Comité II : conformité, lutte contre le trafic et renforcement des contrôles

En parallèle, le Comité II s’est concentré sur le respect des obligations par les États parties, ainsi que sur la lutte contre le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages.

Les discussions ont porté sur plusieurs espèces emblématiques et particulièrement exposées aux réseaux de trafic mondial :

Les grands félins asiatiques (Felidae spp.), convoités pour leurs peaux, os et dérivés utilisés dans certaines pratiques traditionnelles ;

Les grands singes (Hominidés spp.), dont les habitats sont fragmentés et qui restent des cibles privilégiées pour le commerce illégal ;

Le jaguar (Panthera onca), victime d’un trafic transcontinental alimenté notamment par la demande de ses dents et de ses parties osseuses ;

L’antilope saïga (Saiga spp.), gravement menacée par un braconnage persistant dans les steppes d’Asie centrale.

Les États ont échangé sur les moyens de renforcer la coopération transfrontalière, d’améliorer la surveillance des circuits commerciaux et de soutenir les pays confrontés à des réseaux de criminalité faunique de plus en plus sophistiqués.

Les premières résolutions esquissées laissent entrevoir un durcissement des mécanismes de conformité, une amélioration du partage d’informations entre agences spécialisées et un renforcement de l’assistance technique aux États les plus vulnérables.

 

Une dynamique positive, mais encore fragile

Ces premiers jours de la CoP20 ont confirmé un engagement fort de la communauté internationale à consolider la protection des espèces menacées. Les débats ont toutefois révélé des divergences sur certains dossiers sensibles, en particulier concernant les quotas d’exportation, les niveaux de protection et les exigences de traçabilité.

Les discussions ont également souligné la nécessité d’un financement plus robuste pour soutenir les mécanismes de surveillance, les opérations de contrôle et les actions de lutte contre le trafic illégal, dont l’ampleur ne cesse de croître. Les ONG et certains États ont insisté sur l’importance d’investir davantage dans la formation des agents, l’équipement des postes frontaliers et la collecte de données fiables.

 

La seconde semaine de la conférence s’annonce tout aussi stratégique. Les délégués devront examiner plusieurs points majeurs, notamment :

l’avenir des espèces terrestres menacées ;

les mécanismes de traçabilité des produits issus de la faune et de la flore ;

les défis liés à l’essor du commerce en ligne, qui complexifie davantage la lutte contre le trafic.

Ces enjeux détermineront les orientations futures de la CITES et la capacité de la communauté internationale à répondre efficacement aux pressions croissantes qui pèsent sur la biodiversité mondiale.


Partager :