TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EN AFRIQUE : L’Égypte franchit un cap décisif dans la construction de la centrale nucléaire d’El-Dabaa

L’installation de la cuve sous pression du premier réacteur de la centrale d’El-Dabaa marque un tournant majeur pour le programme nucléaire égyptien. Une avancée qui conforte la montée en puissance du nucléaire civil sur le continent, alors que l’Afrique ne compte aujourd’hui qu’une seule centrale en exploitation.

Centrale nucléaire d’El-Dabaa Légende : Centrale nucléaire d’El-Dabaa

L’Égypte a annoncé, le 19 novembre, l’installation de la cuve sous pression du réacteur de l’unité 1 de la centrale nucléaire d’El-Dabaa, signant une avancée cruciale dans la réalisation de ce projet stratégique. Considérée par Rosatom, l’entreprise russe en charge de la construction, comme « l’événement principal de l’année », cette étape a été célébrée lors d’une cérémonie virtuelle en présence des présidents Abdel Fattah al-Sissi et Vladimir Poutine. Tous deux ont salué un jalon majeur : le dirigeant russe évoquant un « succès majeur », tandis que son homologue égyptien y voyait une « étape décisive » accélérant la concrétisation de la centrale.

La cuve sous pression constitue en effet l’un des composants les plus sensibles et centraux d’un réacteur nucléaire. Elle renferme le cœur du réacteur et la réaction de fission contrôlée du combustible. Conçue pour garantir une étanchéité absolue et supporter des conditions extrêmes de pression et de température, elle conditionne la sûreté globale de l’installation. Fabriquée dans les unités industrielles de Rosatom, elle a été acheminée sur le site en octobre avant d’être minutieusement inspectée par des ingénieurs russes, des représentants des autorités égyptiennes et les régulateurs nationaux.

Première centrale nucléaire du pays, El-Dabaa reposera à terme sur quatre réacteurs VVER-1200 de génération III+, offrant une capacité cumulée de 4 800 MW. Les contrats conclus en 2017 couvrent la construction de l’ensemble des installations, la fourniture du combustible tout au long de la durée de vie de la centrale, ainsi qu’une assistance opérationnelle russe durant la première décennie. Pour l’Égypte, ce projet s’inscrit dans une stratégie visant à diversifier un mix énergétique encore très dépendant du gaz naturel, tout en renforçant la sécurité d’approvisionnement à long terme.

Au-delà des frontières égyptiennes, El-Dabaa représente également le chantier nucléaire le plus avancé du continent. L’Afrique ne compte pour l’heure qu’une seule centrale en service : Koeberg, en Afrique du Sud, récemment autorisée à prolonger son exploitation de vingt années supplémentaires. Combinée aux progrès technologiques, à l’émergence des réacteurs modulaires et aux ambitions croissantes de plusieurs pays, la dynamique égyptienne conforte l’idée que le nucléaire pourrait bientôt jouer un rôle structurant dans la desserte énergétique africaine.


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