PÉNURIE DE CARBURANT AU MALI : Quand la dépendance aux énergies fossiles met le pays à genoux

Près de trois mois après le blocage des flux d’importation de carburant, le Mali subit toujours les conséquences d’une crise énergétique sans précédent. Malgré les assurances répétées des autorités, le carburant reste rare, cher, et son absence désorganise l’ensemble du système social malien, des transports à l’éducation, en passant par la sécurité et les activités économiques les plus élémentaires.

Long fil d'attente dans une station services Légende : Long fil d'attente dans une station services

À Bamako, les stations-service n’ouvrent qu’à certaines heures, dans un climat de tension où les files de motos, de taxis et de véhicules privés s’étirent sur plusieurs centaines de mètres. Dans certaines régions, les pompes restent carrément fermées. Le carburant circule désormais par des réseaux informels, où les prix explosent, parfois doublés par rapport aux tarifs officiels.

Cette visibilité de la crise révèle une réalité longtemps connue des experts :

au Mali, le moindre choc externe suffit à faire vaciller l’ensemble de la chaîne énergétique, car elle repose totalement sur l’importation de produits pétroliers.

Le blocus imposé début septembre sur les importations quelle que soit son origine selon les différentes versions présentées, a suffi à enrayer toute la mécanique nationale : mobilité, production, enseignement, santé, logistique militaire… tout dépend du gasoil et de l’essence.

Très vite, les effets se sont fait sentir dans le secteur éducatif.

Faute de carburant, élèves et enseignants ont eu toutes les peines du monde à rejoindre les établissements. Les transports scolaires ont été immobilisés, et dans les zones rurales, certaines écoles se sont retrouvées pratiquement coupées de tout.

Il faut rappeler que le 26 octobre, face à l’impossibilité de garantir la continuité pédagogique, un communiqué officiel a été rendu public pour suspendre les cours sur tout le territoire pour dix jours. Or, aujourd’hui encore, de nombreuses écoles fonctionnent par intermittence, au rythme des livraisons militaires escortées, insuffisantes pour un retour à la normale.

Derrière cette pénurie le Mali n’a pratiquement aucune autonomie énergétique. Alors même que le pays dispose de l’un des plus forts potentiels solaires d’Afrique de l’Ouest, plus de 90 % de son énergie finale repose encore sur les hydrocarbures importés. Cette surdépendance rend chaque tension frontalière, chaque pression sécuritaire, chaque manipulation logistique potentiellement explosive.

Les spécialistes le répètent depuis des années : tant que le Mali ne diversifiera pas ses sources d’énergie, le pays restera otage de ses propres vulnérabilités.


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