Pour soutenir les producteurs locaux et résorber les stocks de riz invendus, le gouvernement sénégalais a décidé de suspendre, durant un mois, la délivrance des autorisations d’importation. Une mesure exceptionnelle qui intervient dans un contexte de saturation du marché, dominé par le riz importé au détriment de la production nationale.
Légende : Importation du riz
Troisième marché consommateur de riz en Afrique de l’Ouest après le Nigeria et la Côte d’Ivoire, le Sénégal ne couvre qu’environ 30 % de ses besoins grâce à sa production locale. Cette dépendance structurelle impose au pays de recourir massivement aux importations pour satisfaire la demande. C’est dans ce contexte que le ministère de l’Industrie et du Commerce a annoncé, le 12 novembre, la suspension d’un mois de la délivrance des Déclarations d’Importation de Produits Alimentaires (DIPA) pour le riz.
Une décision concertée pour écouler les stocks locaux
La mesure résulte d’une réunion stratégique coordonnée par l’Agence de Régulation des Marchés (ARM), réunissant producteurs, commerçants, transformateurs, services publics et partenaires techniques et financiers. L’objectif est clair : bloquer temporairement l’arrivée de riz importé afin de permettre l’écoulement des stocks locaux. Déjà en octobre, les producteurs de Dagana alertaient sur l’accumulation de près de 195 000 tonnes de riz paddy et usiné issues de la campagne 2025, menacées d’invendus à cause de la concurrence du riz importé, plus compétitif. « Nous ne pouvons pas vendre notre riz, car le riz importé est déjà présent en grande quantité », expliquait Baba Diallo, évoquant un stock national équivalant désormais à six mois de consommation.
Des mesures complémentaires pour soutenir la filière
Afin de renforcer l’impact de cette suspension, le ministère de l’Industrie a également fixé un prix d’achat unique de 350 F CFA le kilogramme en sortie d’usine pour le riz brisé et le riz entier produits localement. Cette mesure vise à stabiliser le marché et à offrir une sécurité financière aux producteurs confrontés à la baisse de la demande. Malgré ces efforts, des interrogations subsistent quant à l’efficacité globale de cette stratégie, dans un pays où le riz importé continue de dominer les habitudes alimentaires.
Une dépendance importatrice encore difficile à réduire
Selon le Département américain de l’Agriculture, le Sénégal devrait importer 1,65 million de tonnes de riz usiné durant la campagne 2025/2026, soit environ 70 % des besoins nationaux estimés à 2,2 millions de tonnes par an. Cette projection rappelle l’ampleur des défis à relever pour renforcer durablement l’autosuffisance et protéger la filière locale. Reste à savoir si la suspension temporaire et la régulation des prix suffiront à rééquilibrer un marché structurellement dépendant de l’extérieur.