Encore peu représentés dans le financement mondial des énergies renouvelables, les crédits carbones deviennent un levier essentiel sur le continent africain. En connectant entreprises du Nord et projets locaux, ils favorisent l’accès à une énergie propre, tout en générant des retombées économiques et sociales durables.
Légende : Credit Carbone
Longtemps considérés comme un mécanisme marginal, les crédits carbones gagnent en importance dans la transition énergétique africaine. Fin octobre 2025, la banque britannique Tandem a annoncé avoir compensé la totalité de ses émissions opérationnelles de 2024 en achetant plus de 3 300 tonnes de crédits carbone auprès de Climate Impact Partners d’après les informations relayées par Agence Ecofin. Ces crédits sont issus de projets d’électrification solaire domestique au Kenya et en Ouganda, offrant à des milliers de foyers une électricité fiable et réduisant leur dépendance au kérosène. Les revenus tirés de ces ventes permettent d’étendre et de pérenniser ces initiatives locales.
En réalité, les crédits carbones servent aujourd’hui de pont entre les entreprises du Nord et les projets à fort impact dans les pays du Sud, notamment en Afrique. Chaque crédit, délivré après vérification indépendante des réductions d’émissions, est acheté pour compenser des émissions résiduelles. Le marché volontaire, sur lequel opère Tandem, joue un rôle croissant dans le financement de projets d’énergie propre, qu’il s’agisse de la cuisson propre ou de l’électrification décentralisée.
Mais l’Afrique s’inscrit aussi dans les mécanismes internationaux prévus par l’Accord de Paris, notamment l’Article 6.2, qui encadre les transferts de crédits carbones entre pays. Ainsi, le Spark+ Africa Fund et Envirofit ont récemment finalisé au Ghana la première vente de crédits transférables (ITMOs) à la Suisse, dans le cadre d’un projet de cuisinières améliorées. Ce dispositif réduit la consommation de bois et de charbon, tout en créant des emplois et en améliorant la qualité de l’air domestique.
Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la valeur des transactions liées aux crédits carbone dans le secteur de l’énergie a atteint 335 millions USD en 2024, soit moins de 0,02 % du financement mondial des énergies propres. Toutefois, la part de l’Afrique dans ce marché croît rapidement : de 43 millions USD en 2020, elle est passée à 143 millions USD en 2024, portée par la forte dynamique des projets de cuisson propre, qui représentent plus de 80 % des transactions régionales.
Bien que toujours modeste à l’échelle mondiale, ce mécanisme s’impose comme un outil concret d’accès à l’énergie propre sur le continent. Il soutient à la fois l’électrification des zones isolées et la réduction de la pollution liée à la cuisson, générant des bénéfices mesurables sur les plans énergétique, économique, social et sanitaire. Les crédits carbones, autrefois perçus comme un simple outil de compensation, deviennent ainsi un véritable moteur de développement durable en Afrique.