TUNISIE–ITALIE : Un partenariat pour une irrigation durable

Confrontée à une sécheresse persistante depuis plus de six ans, la Tunisie mise sur les ressources en eau non conventionnelles pour soutenir son agriculture. En partenariat avec l’Italie, le pays lance le projet TANIT, un programme ambitieux visant à valoriser les eaux usées traitées pour renforcer la sécurité alimentaire et la résilience climatique.

Irrigation Légende : Irrigation

Alors que la rareté de l’eau s’impose comme un défi majeur pour la Tunisie, le gouvernement explore de nouvelles solutions pour garantir la pérennité de son agriculture. Le lundi 3 novembre 2025, la Tunis et Rome ont officiellement lancé le projet « TANIT », un programme de coopération bilatérale qui marque une avancée significative dans la gestion durable des ressources hydriques.

Ce projet s’inscrit dans le cadre du « Plan Mattei » pour l’Afrique, un programme italien de coopération visant à soutenir le développement durable du continent. Porté conjointement par le ministère tunisien de l’Agriculture, l’Agence italienne pour la coopération au développement, la Caisse italienne des dépôts et consignations, et le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) de Bari, le projet TANIT ambitionne de transformer la manière dont la Tunisie gère ses eaux usées.

L’objectif est clair : réutiliser efficacement les eaux traitées pour irriguer les terres agricoles et réduire la pression sur les ressources naturelles. Selon les premières estimations, près de 11 500 hectares de terres domaniales seront irrigués grâce à ces eaux recyclées, répartis entre Tunis, Zaghouan, Sousse et Sfax. Des stations d’épuration comme celles d’El Attar, Melliane, Sfax, Enfidha et Agareb ont été désignées pour alimenter ce réseau d’irrigation innovant.

Le projet TANIT repose sur trois grands axes à savoir : le traitement et la réutilisation des eaux usées, l’amélioration de la performance agricole dans plusieurs zones pilotes, et le renforcement des capacités de recherche et de formation en matière d’innovation hydrique. Ce partenariat illustre la volonté des deux pays de conjuguer savoir-faire technologique et vision environnementale pour bâtir une agriculture résiliente face au changement climatique.

La Tunisie n’en est pas à son premier essai. Depuis 1987, le pays a progressivement intégré la réutilisation des eaux usées dans ses politiques agricoles. En 2023, selon l’Office national de l’assainissement (ONAS), 57,6 millions de m³ d’eaux traitées ont été produits, mais seule une petite fraction, soit 10,89 millions de m³, a été utilisée pour l’irrigation. Le projet TANIT entend inverser cette tendance en optimisant l’exploitation de ces ressources encore sous-utilisées.

Pour un pays où 80 % des ressources en eau sont consommées par le secteur agricole, cette initiative représente bien plus qu’un simple projet technique : c’est un tournant stratégique vers une agriculture durable, circulaire et moins dépendante des aléas climatiques.

Avec le projet TANIT, la Tunisie et l’Italie ouvrent ainsi la voie à une nouvelle diplomatie de l’eau, où coopération, innovation et durabilité se conjuguent pour relever le défi de la sécurité alimentaire dans un contexte de stress hydrique croissant.


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