C’est à l’Hôtel Casa Cielo, au cœur de Cotonou, que s’est ouvert officiellement, le mercredi 22 octobre 2025, l’un des événements énergétiques les plus attendus de l’année : la première édition de la Semaine Nationale des Énergies Renouvelables (SeNER). Placée sous le thème : « La transition vers les énergies renouvelables comme solution à la crise climatique et au développement sobre en carbone du Bénin », cette initiative portée par le Réseau des ONG Béninoises pour le Développement des Énergies Renouvelables (RODER-Bénin) avec l’appui du ROACER et du projet COOPARE, marque un tournant historique dans le plaidoyer national pour les énergies propres.
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Pendant cinq jours, du 20 au 24 octobre, la SeNER a réuni à Cotonou et à Pobè plus de 200 acteurs : représentants institutionnels, organisations de la société civile, experts, partenaires techniques et financiers, entreprises privées et médias. Ensemble, ils ont réfléchi sur les stratégies d’accélération de la transition énergétique, dans un contexte où le Bénin ambitionne de bâtir un modèle de développement résilient et faiblement carboné.
Pour Carin Karl Atondé, Coordonnateur national du RODER-Bénin et Directeur exécutif de l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement, cette semaine « constitue un cadre inédit de mobilisation multi-acteurs, propice à la valorisation des initiatives locales et à la formulation de solutions concrètes pour la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement des Énergies Renouvelables (PONADER) ».
Une dynamique de convergence et d’engagement
La Semaine a débuté par une conférence de presse et des activités sportives placées sous le signe de la sensibilisation citoyenne : un match de basketball et un match de football symboliques ont opposé les équipes du RODER-Bénin à leurs partenaires du secteur de l’énergie et de la justice climatique, pour rappeler que le sport peut aussi être un puissant vecteur d’éducation environnementale.
Les 22 et 23 octobre ont constitué le point d’orgue de l’événement avec la tenue du Forum national sur les énergies renouvelables. Conférences thématiques, panels de discussion, communications techniques et expositions de solutions innovantes ont permis d’examiner en profondeur les défis et opportunités du secteur. « Les échanges ont porté, entre autres, sur la situation énergétique du Bénin au regard de la PONADER, le potentiel en ressources renouvelables, ainsi que les liens stratégiques entre le secteur de l’énergie et les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) et le Plan National d’Adaptation (PNA) », a expliqué Enock Missi HOUNHOUI, Membre du Comité de coordination RODER, Président de l’Association Bénin Energie.
Le Directeur général de la Planification Énergétique et de l’Électrification Rurale, Todéman Flinso ASSAN, Représentant le Ministère de l’Énergie, de l’Eau et des Mines a salué une initiative « innovante et essentielle pour renforcer la résilience nationale face aux effets du changement climatique ». Il a souligné l’importance du rôle de la société civile dans la vulgarisation des technologies vertes, tout en rappelant les réformes structurelles entreprises depuis 2016, notamment la révision du Code de l’électricité et la création du Fonds d’électrification rurale et des énergies renouvelables.
Du côté des partenaires, Valentin Hollain, Chargé de projet EnDev à la GIZ, a rappelé le soutien de son organisation à la SeNER, évoquant « une initiative pertinente qui s’inscrit dans la logique de développement durable prônée par le programme Energising Development ». Selon lui, les technologies solaires et les solutions énergétiques propres représentent aujourd’hui « une réelle opportunité économique et sociale, capables de générer des emplois verts et d’améliorer durablement les conditions de vie en milieu rural ».
L’énergie citoyenne au service du climat
La SeNER a également donné une tribune aux jeunes, aux femmes et aux autorités traditionnelles, acteurs essentiels de la transition énergétique. Sa Majesté OBA TOSSO HOLOU ZOUNDJE WANDJI G. T. Yélian, Roi Tosso et autorité traditionnelle d’Adjohoun, a souligné « la responsabilité des chefferies à relayer les messages de justice climatique et à encourager les pratiques énergétiques durables au sein des communautés à la base ».
Dans une ferveur d’engagement, des jeunes comme Noé Norbert Vetcha, Etudiant à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi, ont exprimé leur volonté de contribuer activement à la lutte contre la crise climatique à travers la promotion des énergies renouvelables. Christelle Houngbedji, Etudiante en gestion des risques hydro-climatiques et membre de l’ONG JVE-Bénin, a pour sa part insisté sur « la corrélation entre énergie propre et accès équitable à l’eau potable », soulignant que « le secteur de l’énergie représente 63 % des émissions de gaz à effet de serre au Bénin, d’où l’urgence d’une transition vers les énergies renouvelables ».
Clôturée par une caravane de plaidoyer et une visite de la centrale solaire d’Illoulofin à Pobè, vitrine nationale de l’énergie verte, la Semaine a mis en avant les initiatives communautaires et les projets de biomasse et de cuisson propre. Un concert géant en faveur des énergies renouvelables a par ailleurs permis de mobiliser la jeunesse autour de la cause climatique, dans une ambiance festive mais résolument militante.
À l’issue des travaux, une déclaration finale a été adoptée, contenant des recommandations fortes en faveur d’une transition énergétique juste et inclusive. Ces propositions, fruits d’un dialogue participatif entre l’État, la société civile et le secteur privé, serviront de feuille de route pour les prochaines éditions.
En définitive, la SeNER 2025 aura été bien plus qu’un simple événement : une plateforme d’inspiration, un levier d’action et un signal fort du dynamisme des OSC béninoises engagées pour un avenir énergétique durable. Le Bénin, à travers cette première édition, réaffirme son ambition de devenir un modèle sous-régional de leadership en matière d’énergies renouvelables et de résilience climatique.