NIGERIA : Vers un super réseau pour réduire le déficit énergétique et relancer l’économie

Le Nigeria s’apprête à franchir une nouvelle étape dans la modernisation de son système énergétique. Le gouvernement fédéral négocie actuellement avec la Banque d’import-export de Chine (China Eximbank) un prêt de 2 milliards de dollars destiné à la construction d’un super réseau électrique national, a annoncé le ministre de l’Énergie, Adebayo Adelabu, le lundi 6 octobre.

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L’objectif est clair, réduire le déficit énergétique chronique qui freine la croissance et coûte près de 25 milliards de dollars par an à l’économie nigériane. Déjà approuvé par le gouvernement, le projet ambitionne de garantir une alimentation électrique stable et fiable, condition indispensable à la compétitivité industrielle et à la relance de la production manufacturière.

Dans le but d’unifier un système fragmenté le futur réseau reliera les régions orientale et occidentale, véritables pôles économiques du pays, où se concentrent les grandes entreprises industrielles. Parmi elles, Dangote Industries illustre le paradoxe actuel du secteur : malgré sa puissance industrielle, le groupe dépend majoritairement de ses propres sources d’énergie, avec une capacité interne estimée à plus de 1 500 MW.

Comme Dangote, plus de 200 entreprises et institutions au Nigeria disposent de leurs centrales thermiques ou solaires pour pallier les défaillances du réseau national. Ces installations dites captives produisent déjà plus de 6 500 MW, soit davantage que la production effective du réseau public, évaluée entre 4 500 et 5 000 MW.

Cette généralisation de l’autoproduction illustre une perte de confiance du secteur privé vis-à-vis du système fédéral. Le « super réseau » vise à inverser cette tendance, en offrant une électricité plus fiable, stable et compétitive, capable de ramener les industriels vers le réseau public.

Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), près de 86 millions de Nigérians demeuraient sans accès à l’électricité en 2022, faisant du Nigeria le pays au plus grand déficit énergétique au monde. Malgré une capacité installée de 13 GW, seule une fraction parvient réellement aux consommateurs. À titre comparatif, l’Afrique du Sud, quatre fois moins peuplée, exploite environ 70 GW.

Des réformes en cours pour redresser le secteur

Depuis 2023, l’administration du président Bola Ahmed Tinubu a lancé une série de réformes structurelles pour redynamiser le secteur de l’énergie : suppression progressive des subventions au carburant, révision des tarifs électriques et amélioration de la gouvernance des compagnies publiques.

Ces mesures commencent à porter leurs fruits. En 2024, les revenus des compagnies d’électricité ont enregistré une hausse de 70 %, et la croissance attendue pour 2025 est estimée à 41 %, soit un total d’environ 1,6 milliard de dollars.

Avec le projet de super réseau, le Nigeria espère désormais poser les bases d’un système énergétique intégré et performant, capable d’accompagner son ambition de devenir une économie émergente verte et industrialisée.


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