New York, 24 septembre 2025.Un souffle d’ambition nouvelle parcourt le continent africain. À l’occasion du Forum mondial Bloomberg Philanthropies, dix-sept pays africains ont officiellement adopté leurs pactes nationaux pour l’énergie dans le cadre de la « Mission 300 », un vaste partenariat piloté par le Groupe de la Banque mondiale et le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD). Objectif : fournir de l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici 2030.
Un tournant décisif pour l’accès universel à l’énergie
Le Bénin, le Botswana, le Burundi, le Cameroun, les Comores, le Congo, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Kenya, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, Sao Tomé-et-Principe, la Sierra Leone et le Togo figurent parmi les pays ayant pris cet engagement historique. Ces nations rejoignent la première cohorte, formée plus tôt en 2025 par la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Malawi, Madagascar, la Mauritanie, la RDC, la Tanzanie et la Zambie, portant ainsi à près de 30 pays africains la dynamique d’adhésion à la Mission 300. Les pactes nationaux pour l’énergie constituent de véritables feuilles de route pour l’électrification inclusive et durable : ils orientent les dépenses publiques, stimulent les réformes, et surtout, mobilisent les investissements privés indispensables à la réalisation des infrastructures énergétiques.
Des réformes structurelles au cœur de l’initiative
« L’électricité est à la base de l’emploi, des opportunités et de la croissance économique, » a souligné Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale. « La Mission 300 est plus qu’un objectif : c’est une initiative de réformes structurelles pour réduire les coûts, renforcer les compagnies d’électricité et attirer l’investissement privé. » L’ambition est considérable, mais les premiers résultats se font déjà sentir : 30 millions de personnes ont bénéficié des premières actions de la Mission 300, et 100 millions d’autres devraient suivre dans les prochaines années.
Une énergie pour transformer les économies
Pour Sidi Ould Tah, président du Groupe de la Banque africaine de développement, l’énergie demeure le levier le plus rapide du développement économique.
« Une énergie fiable et abordable stimule les PME, le secteur agroalimentaire, le numérique et la valeur ajoutée industrielle. Donner de l’électricité à un jeune entrepreneur, c’est lui donner la chance de prospérer, » a-t-il déclaré. Cette approche pragmatique traduit un changement de paradigme : il ne s’agit plus seulement d’alimenter des foyers, mais d’alimenter des écosystèmes économiques, en reliant l’énergie à la productivité, à l’emploi et à la résilience climatique.
Trois piliers pour une électrification durable
Chaque pacte national repose sur trois axes stratégiques :
- Les infrastructures, pour construire ou moderniser les réseaux électriques et développer les mini-réseaux hors réseau ;
- Les financements, pour catalyser les investissements publics et privés ;
- Les politiques publiques, pour créer un cadre réglementaire transparent et incitatif.
Ces plans d’action visent notamment à renforcer les services d’électricité, réduire les risques pour les investisseurs et éliminer les goulets d’étranglement qui freinent la transition énergétique.
Des engagements politiques affirmés
Les dirigeants africains ont réaffirmé, dans des déclarations fortes, leur volonté de bâtir une Afrique électrifiée, sobre en carbone et inclusive.
Pour le président du Botswana, Duma Boko, le Pacte national pour l’énergie « constitue un engagement commun à transformer l’économie et créer des emplois par une énergie accessible et fiable. » Son homologue du Cameroun, Paul Biya, a souligné que son pays « s’engage résolument vers les énergies renouvelables et un développement durable fondé sur des partenariats ambitieux. »
Aux Comores, le président Azali Assoumani a présenté le Pacte comme « un appel à l’action collective pour atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici 2030. »
Même optimisme du côté du Congo, où Denis Sassou Nguesso a mis en avant un potentiel hydroélectrique de 27 000 MW certifiés, susceptible de couvrir plus du tiers des besoins énergétiques africains.
En Éthiopie, Taye Atske Selassie a insisté sur la synergie régionale : « En exploitant nos ressources renouvelables et en renforçant les interconnexions, nous bâtirons un avenir énergétique équitable et durable pour l’Afrique. » De son côté, le président du Kenya, William Ruto, a annoncé que son pays « vise un réseau alimenté exclusivement en énergies propres d’ici 2030. » Et au Togo, Faure Essozimna Gnassingbé promet de « mobiliser massivement le secteur privé pour accélérer l’industrialisation et faire du pays un hub énergétique compétitif. »
Un partenariat mondial pour l’Afrique
La Mission 300 s’appuie sur un solide réseau de partenaires internationaux : la Fondation Rockefeller, l’Alliance mondiale de l’énergie pour les populations et la planète (GEAPP), SEforALL (Énergie durable pour tous) et le Programme d’assistance à la gestion du secteur de l’énergie (ESMAP) de la Banque mondiale. Des cofinancements et appuis techniques sont également mobilisés auprès de bailleurs bilatéraux et d’institutions de financement du développement, afin d’accélérer la mise en œuvre des projets sur le terrain.
Une vision continentale portée par l’unité
Pour la Banque mondiale et la BAD, la Mission 300 ne se limite pas à un programme d’infrastructure. Elle incarne une vision panafricaine d’autonomie énergétique, où chaque pays devient acteur de sa propre transformation.
Les pactes nationaux sont conçus comme des outils de gouvernance et de transparence, garantissant une meilleure coordination entre les États, les opérateurs privés et les communautés locales. À travers cette initiative, l’Afrique affirme sa détermination à rompre avec la dépendance énergétique et à tracer la voie d’un développement sobre en carbone. L’électricité devient alors non seulement un droit, mais un instrument d’équité, d’innovation et d’émancipation.
Un espoir concret pour des millions d’Africains
En plaçant l’accès à l’électricité au centre de la lutte contre la pauvreté, la Mission 300 transforme les engagements politiques en promesse de lumière pour des millions de foyers encore plongés dans l’obscurité. Car derrière chaque chiffre, il y a des vies : des enfants qui pourront étudier le soir, des agriculteurs qui transformeront leurs récoltes, des femmes entrepreneures qui feront prospérer leurs activités. Le défi reste immense, près de 600 millions d’Africains vivent encore sans électricité, mais la dynamique enclenchée par la Mission 300 marque un tournant historique. « Ensemble, nous sommes déterminés à bâtir un avenir énergétique résilient, équitable et durable pour les générations à venir, » a conclu Taye Atske Selassie, président de l’Éthiopie, résumant l’esprit de cette alliance nouvelle.