ACCES UNIVERSEL A L’ELECTRICITE D’ICI 2030 : Le Bénin parie sur le secteur privé

De nombreux pays africains repensent leur politique énergétique pour élargir l’accès à l’électricité. Au Bénin, cette ambition repose largement sur l’implication du secteur privé, appelé à devenir un acteur clé dans l’extension et la diversification de la production électrique.

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À travers son plan national de l’énergie, le pays s’est fixé un double objectif pour 2030 : garantir un accès universel à l’électricité et atteindre 50 % de cuisson propre. Pour concrétiser cette vision, l’État entend mobiliser des financements massifs, avec un rôle prépondérant pour les investisseurs privés.

Le programme prévoit la construction de centrales hydroélectriques, solaires et thermiques, pour un coût global estimé à 816 millions d’euros. Sur ce montant, l’État n’assurera que 192,9 millions, tandis que le privé devra mobiliser 623,4 millions d’euros, soit près de 76 % du budget total. À cela s’ajoutent 97 millions d’euros attendus des opérateurs privés pour le développement des mini-réseaux et des kits solaires en zones non connectées.

Au total, près de 720 millions d’euros d’investissements privés seront nécessaires pour permettre au Bénin d’atteindre ses objectifs. Cette approche marque une rupture avec le modèle historique dominé par l’État. Désormais, les autorités misent sur un cadre réglementaire attractif et une meilleure viabilité financière du système pour séduire les producteurs indépendants.

La stratégie béninoise s’appuie également sur l’intégration régionale via le réseau électrique ouest-africain, garantissant une meilleure sécurisation de l’approvisionnement et une plus grande confiance des investisseurs.

En s’alignant sur la Mission 300, aux côtés de 17 autres pays africains, le Bénin cherche à renforcer la coordination et la mobilisation de fonds à l’échelle continentale. Fin 2024, le pays affichait un taux d’accès à l’électricité de 42,6 %, pour une capacité installée de 199,8 MW, dont seulement 16 % issus des énergies renouvelables.

 L’option du Bénin de confier une large part des investissements au secteur privé traduit une volonté de moderniser son système énergétique tout en limitant la pression sur les finances publiques. Toutefois, cette orientation comporte des défis. D’une part, la mobilisation effective des capitaux dépendra de la stabilité du cadre réglementaire et de la capacité de l’État à instaurer un climat de confiance durable. D’autre part, la forte dépendance aux producteurs privés pourrait fragiliser le contrôle public sur les tarifs et l’équité d’accès, notamment pour les populations rurales et défavorisées.

Si le pari est réussi, le pays pourrait accélérer sa transition énergétique, améliorer son mix en intégrant davantage de renouvelables et se positionner comme un modèle de partenariat public-privé en Afrique de l’Ouest.

 


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