Le vendredi 26 septembre 2025, l’arrondissement de Sè, dans la commune de Houéyogbé, a été le théâtre d’une initiative d’envergure portée par SOS Biodiversity. Dans le cadre de son projet « Valorisation des semences paysannes maraîchères et forestières », l’organisation a réuni plusieurs groupements de femmes afin de renforcer leurs capacités sur la lutte biologique, le conditionnement et la conservation des semences locales. Une démarche qui vise à préserver le patrimoine agricole, améliorer la productivité et garantir la santé des producteurs comme des consommateurs.
Une réponse aux besoins exprimés par les communautés
Depuis plusieurs années, l’ONG SOS Biodiversity collabore avec des groupements féminins dans la commune de Houéyogbé. Le coordonnateur Mono et Animateur principal du projet, Kouassi Roméo Houngbadji, explique le sens de cette initiative : « Nous travaillons depuis longtemps avec ces femmes et la formation répond à leurs besoins réels. Elles nous ont sollicitées pour améliorer la qualité de leurs semences, la conservation de leurs cultures et la valorisation de produits locaux qui disparaissent peu à peu face à l’invasion des hybrides et des variétés importées. » Il ajoute : « Ce projet leur a permis de s’approprier des techniques adaptées à leur environnement et de préserver les semences paysannes, héritage précieux de nos ancêtres. »
Le projet« Valorisation des semences paysannes maraîchères et forestières », qui se déroule par étapes, comprend des formations pratiques, des visites de terrain et bientôt la remise de matériels pour faciliter l’exploitation agricole. Deux modules ont été animés lors de cette session : l’un consacré à la lutte biologique, conduit par le Technicien maraîcher S. Juste Hounkanrin de l’ATDA 7, et l’autre sur le conditionnement et la conservation des semences, assuré par l’Agronome et Forestier Roméo Gbaguidi de SOS Biodiversity.
Des techniques alliant savoirs traditionnels et innovations
Le premier module a mis en lumière l’importance de la lutte biologique dans la préservation de la santé des producteurs et des consommateurs. « Nous avons montré aux participantes comment utiliser des semences de qualité et appliquer de bonnes pratiques agricoles sans danger », précise S. Juste Hounkanrin. Les femmes ont notamment appris à fabriquer et utiliser des extraits naturels, comme ceux issus du neem, pour repousser les bioagresseurs, ainsi qu’à associer certaines cultures à des plantes répulsives. « Une agriculture trop chimique compromet la santé de tous. La lutte biologique est donc une alternative durable et accessible », insiste le Technicien.
Roméo Gbaguidi, quant à lui, a démontré comment associer les savoirs traditionnels aux méthodes modernes pour mieux conserver les semences. « Nous avons expliqué comment identifier les fruits arrivés à maturité, effectuer le tri et le séchage à l’ombre, avant de conditionner et stocker les semences dans de bonnes conditions. Les pratiques ancestrales ont été revisitées et enrichies pour aboutir à des techniques plus efficaces », souligne-t-il. La forte attention des participantes tout au long de la session a, selon lui, confirmé leur motivation à mettre en pratique les acquis.
Une adhésion forte des autorités locales et des bénéficiaires
L’importance de cette formation n’a pas échappé aux autorités locales. Représentant le Chef d’Arrondissement, Yaovi Akouta a salué la qualité de l’organisation et encouragé SOS Biodiversity à élargir l’initiative. « Cette action a permis de renforcer les capacités des femmes de trois villages, Haindé, Sohounmè et Drè. Nous souhaitons qu’elle s’étende à d’autres localités. Pour notre part, nous accompagnerons les bénéficiaires par des sensibilisations afin qu’elles appliquent correctement les acquis », a-t-il déclaré.
Le Chef du village de Haindé, Akakpossa Kodjo, a également exprimé sa satisfaction : « Les femmes de notre groupement rencontraient beaucoup de difficultés dans leurs activités maraîchères. Cette formation est une réponse concrète. J’invite toutes les bénéficiaires à prendre au sérieux les enseignements reçus et à appliquer scrupuleusement les consignes. »
Du côté des bénéficiaires, l’enthousiasme est palpable. Adélaïde Abéni, du groupement Nonvissi, rappelle que ses camarades cultivent diverses variétés locales telles que le gboma (grande morelle), l’amarante, le crincrin, la tomate, le piment ou encore le gombo. Pour Julienne Fidegnon, du groupement La Vision, les formations sont une véritable bouffée d’oxygène : « Elles vont nous aider à combattre les insectes nuisibles et à booster le rendement de nos cultures. Nous remercions infiniment les formateurs pour cette opportunité. » Valérie Koyo, du groupement Dagbémanbou, insiste quant à elle sur la pertinence des connaissances acquises : « Nous avons appris des techniques essentielles pour le conditionnement, la conservation des semences et la lutte biologique. C’est un savoir précieux pour nos activités. » Cette activité n’aurait pas été possible sans l’appui des partenaires techniques et financiers de SOS Biodiversity, notamment le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds pour l’Environnement Mondial (GEF) et son Programme de microfinancements (SGP). « Nous exprimons toute notre gratitude aux partenaires techniques et financiers de SOS Biodiversity pour leur précieux soutien. Merci pour votre confiance et votre engagement », a affirmé l’Animateur principal du projet, Kouassi Roméo Houngbadji.
Vers une agriculture durable portée par les femmes
À travers cette initiative, SOS Biodiversity confirme son engagement en faveur de l’agriculture durable et de l’autonomisation des femmes rurales. En misant sur les semences paysannes, l’organisation contribue à préserver la biodiversité locale et à promouvoir une alimentation plus saine. L’implication des autorités locales et la satisfaction des bénéficiaires témoignent de l’importance du projet, appelé à s’élargir et à renforcer ses actions dans la durée.
Au-delà de la formation, ce sont les perspectives offertes qui retiennent l’attention : un renforcement continu des capacités, des dons de matériels adaptés et un suivi régulier sur le terrain. Autant d’atouts qui permettront aux groupements de femmes de Sè de transformer durablement leurs pratiques agricoles et de devenir des actrices clés de la valorisation des semences locales au Bénin.