Afrique ; concilier déploiement des énergies renouvelables et protection des écosystèmes : Vers une transition « nature-positive » inspirée par l’IRENA

Publié le 9 septembre 2025, un article de référence souligne un défi crucial pour le continent africain : comment accélérer le développement des énergies renouvelables indispensables à l’accès universel à l’électricité, tout en protégeant les écosystèmes et la biodiversité ? L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a proposé, à cette occasion, six principes directeurs pour une planification « nature-positive », déjà expérimentés avec succès dans plusieurs pays du continent.

@Agence Ecofin Légende : @Agence Ecofin

L’Afrique connaît un paradoxe énergétique et environnemental. D’un côté, plus de 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, freinant le développement économique et social. De l’autre, le continent est riche en écosystèmes fragiles – forêts, zones humides, littoraux – qui jouent un rôle vital dans la régulation climatique et la sécurité alimentaire.

Le déploiement massif des centrales solaires, parcs éoliens ou projets hydroélectriques peut, s’il est mal planifié, entrer en conflit avec la préservation de ces espaces naturels. Le défi est donc de trouver une voie équilibrée : produire de l’énergie propre sans détruire le capital naturel.

Les six principes de l’IRENA pour une planification « nature-positive »

L’IRENA recommande aux décideurs africains d’adopter six lignes directrices pour réussir cette transition durable :

1. Évaluation précoce des impacts environnementaux : intégrer la biodiversité dès la phase de conception des projets.

2. Priorisation des zones dégradées ou peu sensibles: orienter les investissements vers des terres non productives pour réduire la pression sur les écosystèmes.

3. Participation des communautés locales: associer les populations aux décisions afin de concilier besoins énergétiques et protection des moyens de subsistance.

4. Synergie entre énergie et agriculture: développer des projets agro-solaires qui produisent à la fois de l’électricité et des denrées alimentaires.

5. Innovation technologique et efficacité : privilégier des technologies moins consommatrices d’espace et plus respectueuses des habitats.

6. Suivi environnemental permanent : mettre en place des mécanismes de contrôle et d’adaptation pour éviter les dérives.

Ces principes constituent une feuille de route pour une transition énergétique respectueuse de la nature.

Des exemples inspirants en Afrique

Plusieurs pays africains illustrent déjà cette approche intégrée :

* Maroc: le complexe solaire Noor à Ouarzazate a été conçu avec des mesures de préservation des ressources en eau et de restauration des sols environnants.

* Mali : des projets solaires hybrides intègrent l’agroforesterie, permettant à la fois la production d’électricité et la régénération des terres agricoles.

* Gambie: des installations solaires ont été implantées sur des sites dégradés, réduisant ainsi la pression sur les zones forestières protégées.

*Sierra Leone : la planification des projets hydroélectriques intègre désormais la protection des bassins versants pour éviter l’érosion et préserver la biodiversité aquatique.

Ces exemples montrent qu’il est possible d’allier accès à l’énergie et résilience écologique lorsque la planification est pensée à long terme.

Un enjeu continental pour la COP30 et les ODD

À l’approche de la COP30, les débats sur la transition énergétique africaine s’intensifient. Les six principes de l’IRENA s’inscrivent dans les Objectifs de développement durable (ODD), en particulier ceux relatifs à l’énergie (ODD 7), au climat (ODD 13) et à la vie terrestre (ODD 15).

Pour les experts, l’enjeu est double :

- Renforcer la souveraineté énergétique du continent par un recours accru aux énergies renouvelables.

- Préserver le patrimoine naturel qui constitue l’un des atouts majeurs de l’Afrique sur la scène mondiale.

Le rapport de l’IRENA rappelle que l’Afrique ne représente aujourd’hui que 4 % de la production solaire mondiale, mais qu’elle dispose de l’un des plus grands potentiels solaires et éoliens au monde. Si les projets sont planifiés dans une logique « nature-positive », la transition énergétique pourrait devenir un levier majeur pour accélérer l’électrification, stimuler l’économie verte et préserver les écosystèmes. L’équation est claire : sans nature, pas de transition durable ; sans énergie, pas de développement. L’avenir énergétique du continent dépendra de sa capacité à concilier ces deux impératifs.

 

Partager :