Un sommet sous le signe de l’urgence climatique. Réunis à Addis-Abeba pour le Sommet africain sur le climat, dirigeants, experts et investisseurs ont dressé un constat paradoxal : l’Afrique connaît une véritable ruée vers le solaire, mais son poids reste dérisoire sur la scène mondiale. En l’espace d’une année, 20 pays africains ont battu leur record d’importations de panneaux photovoltaïques, principalement en provenance de Chine, avec une hausse estimée à 60 %.
Ce dynamisme est salué comme une étape décisive vers l’électrification du continent, mais il met aussi en lumière une réalité persistante : malgré ce bond, l’Afrique ne contribue qu’à 4 % de la production solaire mondiale.
Une promesse de lumière pour 600 millions de personnes
Le paradoxe est d’autant plus criant que le continent reste celui où les besoins sont les plus pressants. Aujourd’hui, 600 millions d’Africains vivent encore sans électricité. Pour ces populations rurales ou périurbaines, le solaire représente bien plus qu’une innovation technologique : il s’agit d’une condition de survie économique et sociale. « L’énergie solaire n’est pas un luxe, mais un levier indispensable pour l’éducation, la santé et l’emploi », a rappelé un expert présent au sommet.
Le rôle central de la Chine et les dépendances stratégiques
La montée en puissance africaine repose pour l’heure sur une dépendance marquée : la Chine fournit l’essentiel des panneaux photovoltaïques importés. Si cette coopération permet un déploiement rapide, elle pose aussi la question de la durabilité des chaînes d’approvisionnement et de la capacité du continent à développer une industrie solaire locale. Les discussions d’Addis-Abeba ont ainsi insisté sur la nécessité de créer des unités de production régionales pour réduire les coûts, stimuler l’emploi et renforcer la souveraineté énergétique.
L’appel pressant aux financements internationaux
Tous les regards se sont tournés vers les grandes puissances et les bailleurs internationaux. Les investissements massifs enregistrés ne suffisent pas à couvrir l’ampleur des besoins. Pour atteindre ses objectifs de transition, l’Afrique devrait mobiliser environ 200 milliards de dollars par an d’ici 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA). Les participants ont donc lancé un appel clair : un soutien financier et technique accru de la part des nations les plus riches, notamment sous forme de subventions, de partenariats technologiques et de mécanismes innovants de financement climatique.
Un tournant pour l’Afrique, un test pour le monde
Le sommet d’Addis-Abeba aura marqué un tournant politique et symbolique : le solaire africain n’est plus une perspective lointaine, mais une réalité en construction. Cependant, la route est encore longue. Tant que le continent restera confiné à une part marginale de la production mondiale, la transition énergétique africaine demeurera fragile. « L’Afrique n’a pas seulement besoin de panneaux solaires. Elle a besoin d’infrastructures, de financement et de justice énergétique », a résumé un délégué sénégalais.
L’heure de vérité pour la transition solaire africaine
Le temps presse. Alors que la planète intensifie sa lutte contre le réchauffement climatique, l’Afrique se retrouve à la croisée des chemins. Si l’élan actuel est consolidé par des investissements durables, le solaire pourrait transformer le quotidien de centaines de millions de personnes. Mais si les promesses de soutien international tardent, le risque est grand de voir le continent rester spectateur d’une révolution énergétique mondiale dont il devrait être l’un des moteurs.