Les 18 et 19 juillet 2025, l’ONG SOS Biodiversity a tenu à l’Université d’Abomey-Calavi, la quatrième édition de son atelier de formation baptisé « Cours sur la Conservation de la Biodiversité » (CBio). Placée sous le thème central « Biodiversité et Intelligence Artificielle : Défis pour la mise en œuvre du Cadre Mondial de Kunming-Montréal », cette session s’est inscrite dans une dynamique novatrice alliant science participative et technologies émergentes. L’événement a réuni une diversité d’acteurs : jeunes engagés, scientifiques, responsables d’ONG, enseignants-chercheurs et professionnels de l’environnement, tous unis par une ambition commune : former une génération apte à conjuguer innovation technologique et préservation du vivant.
La biodiversité, pilier du développement durable, est aujourd’hui fortement menacée. Perte d’habitats, surexploitation, pollution, changement climatique : les pressions sont multiples et croissantes. Le Bénin, bien que doté d’une riche diversité biologique, n’est pas épargné (UICN/BIODEV2030, 2021). Face à ce constat, l’adoption du Cadre Mondial pour la Biodiversité de Kunming-Montréal (CMBKM) en 2022 a constitué un tournant majeur. Ce cadre fixe des objectifs clairs à l’horizon 2030 pour inverser la courbe du déclin de la biodiversité, en mettant l’accent sur l’inclusion des jeunes et des innovations technologiques.
Retour sur la 4ᵉ édition de l’Atelier « Cours sur la Conservation de la Biodiversité (CBio) »
L’édition 2025 du CBio a mis en lumière un binôme encore peu exploré au Bénin : la biodiversité et l’intelligence artificielle. Loin d’être antagonistes, ces deux domaines se rejoignent aujourd’hui dans une dynamique commune : observer, comprendre, modéliser et préserver les écosystèmes grâce aux outils numériques. Professeur Bernard Ahamidé, Chef du département Aménagement et Gestion de l’Environnement à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’UAC, a souligné l’importance de l’IA dans la formation des jeunes : « L’avenir de la conservation passe par la jeunesse. En tant qu’enseignant, mon rôle est de leur transmettre les outils modernes pour qu’ils deviennent des acteurs informés et efficaces. » Des outils comme iNaturalist, PlantNet, Zotero, ou encore les drones intelligents, permettent désormais de collecter, analyser et visualiser des données environnementales de manière rapide, fiable et participative.
Une formation aux multiples objectifs
L’atelier a pour ambition de former les jeunes à la science citoyenne et à l’observation participative de la biodiversité, tout en renforçant leurs compétences sur les technologies émergentes appliquées à la conservation, telles que l’intelligence artificielle, les systèmes d'information géographique et les bases de données. Il s’agit également de stimuler leur engagement concret dans la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique (CMBKM) au Bénin. Comme l’a souligné Mélodie KOUNOUVO, chargée de la mobilisation à SOS Biodiversity, l’objectif est que les participants repartent non seulement avec des outils pratiques, mais aussi avec une compréhension claire des enjeux contemporains.
Des interventions inspirantes et dynamiques
Au cours des deux journées, plusieurs experts ont partagé leurs savoirs et expériences à travers des communications enrichissantes et interactives.
· Rabi Mars-Arès Agnoun Basso, Coordonnateur du Bénin Youth Biodiversity Network, a livré une intervention remarquée sur la contribution active de la jeunesse béninoise à la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique (CMBKM), mettant en lumière les initiatives concrètes menées sur le terrain.
· Gorgias AÏKPON, spécialiste en communication environnementale, a animé une session pratique dédiée à l’usage des applications iNaturalist et PlantNet, outils innovants de suivi participatif de la biodiversité, suscitant un fort engouement parmi les participants.
Quant au Dr Innocent Ahamidé, Chef du Service Recherche à SOS Biodiversity, il a recentré les débats sur l’enjeu crucial de l’accès aux financements. Il a partagé des approches concrètes pour structurer des projets adaptés au profil des jeunes : « Ces ressources existent. Le défi, c’est de les connaître et de s’y préparer avec rigueur », a-t-il souligné.
Des voix jeunes, engagées et pleines d'espoir
Parmi les participants, Rodolphe Noutaï, ingénieur en gestion des ressources en eau, s’est réjoui de cette opportunité : « J’ai découvert des outils que je ne connaissais pas du tout. C’est une formation qu’il faut élargir à d’autres régions du Bénin. » Foumilayo Bénédicte Degny, créatrice de contenu sur la justice climatique, a quant à elle retenu l’impact des déchets électroniques : « Même nos téléphones ont un coût écologique. Cette prise de conscience est nécessaire pour agir avec responsabilité. »
Une édition au succès incontestable
L’édition 2025 a rassemblé plus de 55 participants, dépassant largement l’objectif initial de 40. Des étudiants, scientifiques, autorités locales, représentants d’ONG et médias étaient présents. Le Directeur Exécutif de SOS Biodiversity, Etienne Houédoté DEGBOE, a salué l’engagement collectif : « C’est un signe que la jeunesse est prête. Nous devons l’accompagner par la formation, la sensibilisation et les opportunités concrètes. »
Appels et perspectives
À l’issue de l’atelier, plusieurs recommandations ont été formulées :
1. Intégrer l’IA dans les curricula de formation environnementale au Bénin ;
2. Pérenniser l’initiative CBio et l’étendre à d’autres zones géographiques ;
3. Renforcer les partenariats entre ONG, institutions académiques et autorités publiques ;
4. Accroître les opportunités de financement pour les jeunes porteurs de projets de conservation.
Enfin, un appel vibrant a été lancé à la jeunesse béninoise pour qu’elle saisisse les nouvelles opportunités offertes par l’intelligence artificielle au service de la nature. « L’avenir est entre vos mains. Formez-vous, engagez-vous et utilisez ces outils pour protéger notre bien commun : la biodiversité. »