Alors que l’accès à une eau de qualité reste un droit fondamental et un déterminant majeur de la santé publique, le Bénin continue de faire face à d’importants défis liés à l’approvisionnement, au traitement et à la gestion de l’eau de boisson. Entre contamination des sources, insuffisance des infrastructures et disparités entre zones rurales et urbaines, la question de l’eau potable soulève des préoccupations sanitaires croissantes. Pourtant, des efforts sont en cours pour inverser la tendance et garantir à chaque citoyen une eau saine, accessible et durable
Le chercheur Dr Firmin Adandédji, de l’Institut National de l’Eau (INE), dans un interview a partagé les résultats de plusieurs études menées dans différentes localités du pays. Il a tiré la sonnette d’alarme sur la mauvaise qualité de l’eau consommée par une grande partie des Béninois. En 2022, seulement 67,4 % de la population avait accès à un service de base en eau potable, un chiffre inférieur à la moyenne régionale. Pire encore, moins de 20 % des Béninois disposaient d’infrastructures sanitaires sûres.
Des sources d’eau largement contaminées
La pollution des ressources en eau est causée par plusieurs facteurs : les rejets domestiques non traités, la mauvaise gestion des déchets, la défécation à l’air libre, et l’insalubrité autour des points d’eau. S’y ajoutent des forages privés non réglementés, qui alimentent des réseaux de distribution informels, souvent sans contrôle sanitaire.
Des analyses effectuées dans la commune d’Abomey-Calavi révèlent une contamination de plus de 30 % des puits étudiés. Dans des quartiers comme Agori, Cité-la-Victoire ou Jouhadié, des coliformes fécaux ont été détectés dans l’eau consommée par les habitants. L'une des principales causes : le non-respect des distances réglementaires entre latrines et sources d’eau.
Des conséquences sanitaires alarmantes
Les conséquences sur la santé sont considérables, notamment chez les enfants. À Djougou, les données recueillies montrent une forte prévalence de maladies hydriques chez les enfants âgés de 1 à 14 ans. Les pathologies les plus fréquentes incluent les diarrhées, dermatoses et fièvres typhoïdes.
Face à cette situation, les journalistes ont été invités à jouer un rôle de relais pour sensibiliser les populations et interpeller les autorités sur l’urgence d’améliorer l’accès à une eau potable de qualité. L’approche multisectorielle, combinant éducation, réglementation et investissements dans les infrastructures, apparaît comme une voie incontournable.