En prélude à la célébration officielle de la Journée Nationale de l’Arbre (JNA), la Direction Générale des Douanes en collaboration avec le Ministère du Cadre de Vie et des Transports, en charge du développement durable, a réuni un large éventail d’acteurs dans la salle de conférence de la Direction Générale des Douanes à Cotonou, ce mardi 27 mai 2025. L’objectif est de dresser un bilan sincère des quarante années de cette célébration initiée en 1985, évaluer ses impacts et tracer une nouvelle trajectoire pour le reboisement national dans un contexte de changement climatique préoccupant.
Placée sous le thème évocateur « Journée de réflexion : 40 ans de célébration JNA », cette rencontre inédite a vu la participation de membres du gouvernement, d’autorités locales, de responsables techniques, d’ONG environnementales, de Forestiers et d’anciens ministres.
Une journée de réflexion pour interroger le passé et préparer l’avenir
Le programme dense de la journée a permis de passer en revue : le bilan national des campagnes de reboisement, département par département ; les impacts réels de la JNA sur les écosystèmes forestiers ; les facteurs socio-économiques, institutionnels, techniques et les propositions d’orientations majeures pour renforcer durablement l’action future.
Dans son allocution d’ouverture, José Didier Tonato, Ministre du Cadre de Vie et des Transports, a posé un regard lucide sur l’héritage de la JNA : « Nous devons dresser un état des lieux franc et critique du reboisement au Bénin. Où en sommes-nous vraiment après 40 ans ? Est-ce que les fruits ont tenu la promesse des fleurs ? » Il rappelle que la JNA, instituée dès 1985, précède de plusieurs années les grandes conventions internationales sur le climat et la biodiversité : « Nous avons été parmi les premiers pays à institutionnaliser une réponse nationale à la désertification. » Mais malgré cet engagement précurseur, les résultats restent contrastés :
- Des plantations forestières ont vu le jour.
- Des politiques publiques ont été adoptées (1994, 1999, 2005).
- Des concours et incitations ont été mis en place.
Cependant, le manque de structuration, de suivi et de coordination intersectorielle, ainsi que des moyens humains et financiers insuffisants, ont freiné les impacts durables. « Il y a aujourd’hui moins d’arbres qu’en 1985. Le climat est plus chaud. Les pluies plus irrégulières. Et pourtant, plus d’inondations, plus d’érosion », constate le Ministre.
Une relance ambitieuse pour les 10 prochaines années
Loin d’un simple constat d’échec, l’atelier a aussi été l’occasion de formuler de nouvelles orientations à savoir : mettre fin à la symbolique creuse de la JNA pour construire une stratégie décennale claire, intégrant des mécanismes de suivi-évaluation robustes ; réorienter les campagnes vers des objectifs communautaires et inclusifs : chaque arbre planté doit être entretenu, comptabilisé et inscrit dans un programme de développement local ; mobiliser les collectivités locales, les inspections forestières, les communes : « Ce n’est plus une journée par an. Chaque naissance, chaque mariage, chaque décès doit être une occasion de planter un arbre », plaide Tonato.
Par ailleurs, le ministre rappelle que le gouvernement a déjà pris des mesures fortes telles que :
- La suspension de l’exploitation des essences autochtones (avril 2016).
- L’organisation d’un séminaire national sur le reboisement dès 2012.
- L’adoption d’une vision renouvelée de la foresterie urbaine, visible dans les récents aménagements urbains.
Les préfets mobilisés pour la mise en œuvre
Prenant la parole au nom des représentants des départements, Marie Akpotrossou, Préfet de l’Ouémé, a réitéré l’engagement des préfets à accompagner la mise en œuvre des nouvelles orientations nationales : « Restaurer un paysage, c’est semer l’espoir là où la terre avait cessé de respirer. Nous croyons profondément en la capacité de la nature à se régénérer. » Elle a aussi salué les efforts du gouvernement en matière de croissance verte, soulignant les programmes d’asphaltage paysager, symbole de la réconciliation entre développement urbain et nature. « L’arbre, c’est la vie. Et cela, notre gouvernement l’a compris et intégré dans sa vision », a-t-elle laissé entendre. Représentant le maire de Cotonou, Gatien S. Adjagboni a rappelé la mobilisation des autorités locales pour faire de la capitale économique un modèle de ville verte : « Nous restons attentifs aux résultats de cette journée. Et nous prenons l’engagement, au nom de toutes les communes du Bénin, de mettre en œuvre les recommandations qui relèveront de notre ressort. » Il a également invité les participants à découvrir les efforts de verdissement visibles dans les rues asphaltées de Cotonou, signe tangible de l’intégration de l’arbre dans l’aménagement urbain.
Recommandations et perspectives : planter avec sens
Les travaux de groupe ont permis d’enrichir les discussions par des retours d’expériences départementaux. En plénière, des recommandations concrètes ont été validées :
- Créer un cadre institutionnel pérenne pour la stratégie nationale de reboisement.
- Renforcer l’éducation environnementale dans les écoles.
- Instaurer un suivi numérique des arbres plantés (géolocalisation, suivi d’entretien).
- Établir des partenariats avec les ONG, les communes, les entreprises pour une gouvernance partagée de la JNA.
- Organiser des concours de CNR.
Une dynamique à relancer dès le 1er juin
En clôture, le ministre Tonato a rappelé que la journée du 1er juin ne doit pas être une fin en soi, mais un point de départ. « Le message cette année, c’est : chaque jour est une Journée de l’Arbre. Reboisons à chaque occasion. C’est un acte écologique mais aussi symbolique, social, économique. » Alors que la désertification progresse et que les urgences écologiques s’intensifient, le Bénin tente une refondation profonde de sa politique forestière, avec l’ambition de faire de l’arbre le pilier vivant de son développement durable.