Alors que le jour déclinait doucement sur Tokplégbé ce mercredi 21 mai 2025, les regards émus d’une foule réunie accompagnaient le retour à la mer de quatre tortues marines dont une majestueuse adulte. Ce geste, à la fois humble et puissant, s’inscrit dans le cadre des célébrations de la Journée Mondiale de la Biodiversité, placée cette année sous le thème évocateur : « Harmonie avec la nature et développement durable ». Parmi les personnalités présentes, Amandine Assogba Ndeleke, Directrice de la Faune, de la Biodiversité et de la Conservation de la Nature au sein de la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasses, a rappelé le sens profond de cette action : « Ce que nous avons accompli aujourd’hui n’est pas un simple rituel écologique. C’est un signal d’alarme adressé à l’humanité, un plaidoyer pour la sauvegarde des espèces en danger. »

Les tortues marines, sentinelles des océans menacés

Espèces emblématiques mais fragilisées, les tortues marines sont confrontées à de multiples menaces : pollution plastique, braconnage, perturbations de leurs habitats, changement climatique. Leur survie est directement liée aux choix que fait l’humanité en matière de gestion des ressources marines. Alain Orounla, Préfet du Littoral, a lui aussi souligné la portée de l’événement : « Ces tortues sont nos messagères silencieuses. En les relâchant, nous affirmons notre engagement envers la nature, envers la vie. Nous devons agir pour protéger leurs habitats, lutter contre la pollution, et préserver l’équilibre de nos écosystèmes. » Ces tortues avaient été capturées accidentellement lors d’activités de pêche. Grâce à une collaboration efficace entre l’administration forestière et l’ONG Nature Tropicale, elles ont été soignées, baguées pour le suivi scientifique, puis relâchées. Ce partenariat exemplaire illustre l’engagement du Bénin dans la mise en œuvre des conventions internationales relatives à la protection des espèces migratrices. « Les tortues marines n’ont pas de frontières. Elles migrent à travers les océans. Lorsque leur parcours les mène sur nos plages, c’est notre responsabilité de les protéger », a insisté Madame Ndeleke.

Un acte de conservation, mais aussi de transmission

Au-delà de la dimension environnementale, cette cérémonie revêt également une forte valeur pédagogique. Elle a mobilisé les enfants ambassadeurs des forêts, jeunes acteurs de la sensibilisation environnementale formés pour relayer les messages écologiques dans les écoles, les quartiers et au sein de leurs communautés. « Ce sont eux, nos futurs gardiens de la biodiversité. À travers eux, c’est une conscience collective que nous éveillons », a affirmé un responsable de l’environnement, salué par une salve d’applaudissements.

Une semaine de mobilisation pour la biodiversité

En prolongement de cette cérémonie, une semaine entière d’activités est organisée pour renforcer la portée de cette célébration. À partir du 22 mai, les projecteurs se tourneront vers la forêt sacrée de Zunkidiazou à Toffo, où une opération de restauration écologique permettra la replantation de deux hectares en essences locales. Une manière concrète de revitaliser les écosystèmes dégradés. Le site d’Agoualand accueillera quant à lui les événements principaux : conférences thématiques, expositions interactives, ateliers de sensibilisation, animations culturelles et reboisement dans son jardin botanique. Une diversité d’activités destinée à mobiliser tous les publics autour de la cause environnementale. Le point d’orgue de cette semaine engagée sera la marche populaire VET (« Vert, Équilibre, Terre »), prévue pour le samedi 24 mai. Sur un parcours de 8 kilomètres, plus de 300 participants sont attendus pour faire entendre leur voix en faveur de la biodiversité.

Un appel à l’action collective

La Journée Mondiale de la Biodiversité ne se résume pas à une célébration annuelle. Elle constitue un appel urgent à réconcilier développement humain et respect des équilibres naturels. À Tokplégbé, ce lâcher de tortues n’aura duré que quelques minutes, mais il symbolise des décennies de lutte, de sensibilisation, de coopération et d’espoir. Aujourd’hui plus que jamais, chaque geste compte. Protéger la biodiversité, c’est protéger notre avenir.