NIGERIA : Une enquête anticorruption cible la réhabilitation controversée des raffineries publiques

Plusieurs hauts responsables de la NNPC Ltd ont été écartés tandis que l’EFCC ouvre une enquête sur la gestion de près de 3 milliards de dollars injectés depuis 2020 dans la réhabilitation des raffineries de Port Harcourt, Kaduna et Warri. Un nouvel épisode d’un secteur en crise, miné par les scandales et l’inefficacité.

Photo de l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC) Légende : Photo de l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC)

Le secteur pétrolier nigérian, pilier de l’économie nationale, est une nouvelle fois secoué par une affaire de mauvaise gouvernance. Le 3 mai, la presse locale révélait que l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC) a ouvert une enquête sur la gestion des fonds publics alloués à la réhabilitation des raffineries publiques de Port Harcourt, Kaduna et Warri. Cette démarche intervient après la destitution des directeurs généraux de ces infrastructures stratégiques par la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC Ltd).

Depuis 2020, environ 3 milliards de dollars ont été mobilisés pour relancer ces raffineries, censées réduire la dépendance du Nigeria aux importations de carburant. Pourtant, les projets accusent des retards chroniques, des hausses de coûts inexpliquées et une exécution jugée opaque. Si certaines unités ont été partiellement remises en service, leur fonctionnement reste loin d’atteindre la pleine capacité.

Parmi les figures visées par les soupçons figurent Mele Kyari, ex-directeur général de la NNPC Ltd, récemment limogé à la suite de la dissolution de la direction de l’entreprise. Ce dernier a nié toute arrestation, tout en affirmant sa volonté de coopérer avec les autorités. L’enquête de l’EFCC englobe également les anciens responsables de la Port Harcourt Refining Company (Ibrahim Onoja) et de la Kaduna Refining and Petrochemical Company (Mustafa Sugungun), eux aussi remerciés.

Ce scandale ravive les souvenirs d’affaires antérieures, notamment celle impliquant l’ex-ministre du Pétrole, Diezani Alison-Madueke, accusée de détournements massifs entre 2010 et 2015. Dans un pays où le pétrole représente jusqu’à 90 % des recettes d’exportation, l’opacité qui entoure ces projets accentue le paradoxe : premier producteur de brut du continent, le Nigeria importe encore la majorité de ses produits raffinés.

Alors que les attentes de réformes structurelles se font plus pressantes, cette affaire pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption endémique au sein du secteur pétrolier nigérian.


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