CRISE D’INVESTISSEMENT PETROLIER AU GHANA : Zéro investissement dans le pétrole ghanéen depuis cinq ans : un signal d’alarme pour Accra

Malgré son potentiel en hydrocarbures, le Ghana n’a attiré aucun investissement dans l’amont pétrolier depuis 2019. La chute de la production et le désintérêt des investisseurs soulignent des blocages structurels que la société civile et les experts appellent à lever d’urgence.

Usine pétrolière Légende : Usine pétrolière

Le secteur pétrolier ghanéen traverse une période critique. Pour la cinquième année consécutive, aucun nouvel investissement n’a été enregistré dans l’exploitation des ressources pétrolières du pays, selon le rapport 2024 du Public Interest and Accountability Committee (PIAC), publié le 28 avril. Cette situation met en lumière les difficultés profondes auxquelles est confronté un secteur pourtant crucial pour l’économie nationale.

Le rapport souligne l’absence totale d’acquisition de blocs pétroliers, conséquence directe de la suspension des processus de délivrance de licences depuis la fin du dernier cycle, en 2019. Malgré la promotion des blocs non attribués sur la scène internationale, ceux-ci restent inexploités, illustrant le désintérêt persistant des acteurs étrangers pour l’amont pétrolier ghanéen.

Ce désengagement se double d’une baisse continue de la production. En 2024, le pays n’a produit que 48,25 millions de barils de brut, contre 71,44 millions en 2019, soit un recul moyen annuel de 7,4 %. Une dynamique qui fragilise les recettes budgétaires tirées des hydrocarbures, alors même que ces dernières ont contribué à 10,2 % de la croissance du PIB national en 2023.

Pour les experts du PIAC, cette stagnation est le reflet de plusieurs failles systémiques : manque de transparence, lourdeurs administratives, ingérences politiques, et un régime fiscal jugé dissuasif. Une enquête du cabinet Deloitte, publiée en octobre 2024, révèle d’ailleurs que 45 % des acteurs du secteur identifient les interférences politiques comme le principal frein au développement pétrolier au Ghana.

Face à l’urgence, le PIAC recommande un renforcement du contrôle parlementaire sur le ministère du Pétrole et ses agences. La société civile appelle également à une réforme du cadre fiscal – notamment le taux d’imposition sur les sociétés pétrolières, actuellement à 35 % – et à une refonte de la gouvernance sectorielle.

Dans un contexte régional où d’autres pays accélèrent leurs projets énergétiques, le Ghana risque de rester à la traîne sans une réforme ambitieuse et une relance rapide de son attractivité pétrolière.

 


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