La transition énergétique mondiale repose sur un financement stratégique dès les premières étapes des projets d'énergies renouvelables. Des investissements précoces permettent de lever les obstacles techniques, financiers et réglementaires, essentiels pour accélérer la mise en œuvre de ces projets à grande échelle, en particulier dans les pays en développement.
Les transitions énergétiques mondiales nécessitent des investissements massifs, en particulier dans les premières étapes de développement des projets d'énergies renouvelables. Ces projets, souvent complexes et coûteux, traversent plusieurs phases avant d'atteindre leur pleine maturité. À chaque étape, des financements spécifiques sont nécessaires pour surmonter les obstacles techniques et administratifs, permettant aux projets de devenir financièrement viables et attractifs pour les investisseurs.
En effet, les phases préparatoires des projets d’énergies renouvelables comprennent l’identification des priorités, l’évaluation des options techniques et financières, ainsi que l’élaboration de solutions sur mesure adaptées aux spécificités locales. Ces étapes sont cruciales pour garantir la faisabilité des projets. Elles incluent notamment les études de faisabilité, les évaluations d'impact environnemental et social, et la mise en place de mécanismes financiers solides. Toutefois, sans un soutien financier adapté à ce stade précoce, de nombreux projets stagnent ou échouent à attirer les investissements nécessaires à leur réalisation.
Un des principaux obstacles rencontrés dans la phase de développement est le manque de financement pour couvrir les coûts initiaux. Si les investissements à ce stade sont insuffisants, les projets risquent de ne pas atteindre la phase de bouclage financier, étape cruciale avant la mise en œuvre. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les pays en développement, où les défis d'accès au capital sont encore plus prégnants. Les projets d’énergies renouvelables en Afrique subsaharienne, par exemple, subissent des retards importants dans leur progression, en raison de cette carence de financement de démarrage.
Pour pallier ce manque de financement, plusieurs mécanismes innovants ont été mis en place pour soutenir les projets dans leur phase de développement. Les Facilités de Préparation de Projets (FPI) jouent un rôle central, en fournissant une assistance technique et financière pour les activités préalables à la construction, telles que les études de faisabilité ou les évaluations environnementales. Ces facilités permettent de réduire les risques pour les promoteurs, augmentant ainsi la probabilité de succès des projets. Le programme SEFA de la Banque africaine de développement, par exemple, a permis de financer plusieurs projets en phase de démarrage, contribuant à lever des obstacles majeurs.
Les Obligations à Impact sur le Développement (IDD) représentent un autre mécanisme efficace pour lever des fonds pour les projets d’énergies renouvelables. Ces instruments, axés sur des résultats concrets, conditionnent les remboursements à l’atteinte de jalons préétablis, comme l’obtention des permis ou la structuration financière du projet. Ce modèle a déjà fait ses preuves dans des projets sociaux en Afrique, et son application aux projets énergétiques pourrait offrir des solutions efficaces pour financer les étapes initiales du développement.
En outre, les Résultats d'Atténuation Transférés Internationalement (ITMO), inscrits dans le cadre de l’Accord de Paris, ouvrent de nouvelles voies pour financer les activités de préparation. Les acomptes versés pour les ITMO, représentant des réductions d'émissions futures, peuvent être utilisés pour financer des études et des analyses en amont, indispensables au bon déroulement des projets. Le projet iCRAFT en Ouzbékistan, soutenu par une subvention de 46,25 millions de dollars de la Banque mondiale, en est un exemple concret de cette approche innovante.
Les mécanismes de partage des risques jouent également un rôle essentiel dans la gestion des risques financiers en phase de développement. En mutualisant les ressources des gouvernements, des investisseurs privés et des institutions financières de développement (IFD), ces mécanismes permettent de répartir les risques liés aux premières étapes de la construction des projets. L’Alliance Mondiale de l'Énergie pour les Peuples et la Planète (GEAPP) offre ainsi des subventions et des financements concessionnels pour soutenir les projets en phase de démarrage, réduisant ainsi les coûts initiaux pour les développeurs.
Dans cette optique, le renforcement des capacités locales est une condition sine qua non pour garantir l’efficacité du financement des projets. En formant les développeurs locaux à maîtriser les processus techniques et réglementaires, on réduit leur dépendance à l’expertise étrangère, ce qui permet de diminuer les coûts de développement et d’accélérer la mise en œuvre des projets. Des initiatives telles que l’utilisation d'outils de préparation de projets en ligne gratuits contribuent à rendre ces ressources accessibles à davantage de promoteurs, en particulier dans les pays en développement.
Enfin, les partenariats public-privé représentent une avenue stratégique pour mobiliser des ressources publiques et privées. Ces collaborations, comme celles menées par l’IRENA à travers l’ETAF, offrent une assistance technique et des financements permettant de rendre davantage de projets éligibles à des financements à grande échelle. Le soutien apporté au Costa Rica pour moderniser son système de transport public en est un exemple concret, avec la mise en place de fonds de capital-risque dédiés à la transition énergétique.
En conclusion, le financement des projets d'énergies renouvelables dès la phase de développement est un facteur déterminant pour assurer la réussite des transitions énergétiques mondiales. Grâce à des mécanismes financiers adaptés et à des partenariats stratégiques, il est possible de surmonter les défis liés au financement de démarrage et de faire avancer les projets à grande échelle, en particulier dans les pays à faible revenu.