HYDROGENE VERT : Une Technologie Clé pour la Décarbonation des Secteurs Industriels et des Transports

L’hydrogène vert émerge comme une solution prometteuse pour décarboner les secteurs industriels et des transports, deux des plus grands émetteurs de CO2 au monde. Mais si cette technologie a le potentiel de transformer ces secteurs, des défis techniques et économiques importants restent à surmonter. À travers un projet pilote ambitieux, des experts s'accordent à dire qu’il est possible de franchir ces obstacles, à condition d’une volonté politique et d’un investissement soutenu.

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L'hydrogène vert, produit à partir d’électricité renouvelable par électrolyse de l'eau, est vu comme une alternative clé pour décarboner des secteurs qui peinent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L’industrie et les transports, responsables d'une part significative des émissions mondiales de CO2, sont particulièrement concernés par cette technologie, qui pourrait répondre aux besoins de décarbonation dans des applications difficiles à électrifier directement, comme la production d’acier ou le transport maritime. Toutefois, plusieurs obstacles techniques et économiques doivent encore être levés avant que l’hydrogène vert ne puisse être déployé à grande échelle selon les experts. Le projet pilote H2 Green Steel, mené en Suède, représente un exemple concret des capacités de l’hydrogène vert pour décarboner l’industrie lourde. Ce projet vise à utiliser de l'hydrogène vert pour remplacer le coke (une forme de charbon) dans la production d'acier, réduisant ainsi les émissions de CO2 associées à ce processus.

Sur le site connaissancedesenergies, Magnus Persson, directeur de ce projet et expert en décarbonation industrielle, indique que « L'hydrogène vert permet non seulement de réduire les émissions dans l'industrie de l'acier, mais il offre aussi une voie d’avenir pour d'autres secteurs industriels comme la chimie et la cimenterie ». Ce projet pilote fait partie d'une série d'initiatives dans le monde entier visant à tester l’efficacité de l’hydrogène vert dans des applications industrielles. Si ces projets se révèlent concluants, ils pourraient avoir un effet boule de neige, encourageant davantage d'industries à adopter l’hydrogène vert comme solution de décarbonation. Malgré ces nombreuses avancées, plusieurs défis techniques se posent encore. Tout d'abord, la production d’hydrogène vert reste coûteuse. En se référant à l’information publiée sur Ifpenenergiesnouvelles, Jean-Marc Jancovici, expert en transition énergétique et président du think tank The Shift Project affirme : « L’hydrogène vert est encore beaucoup trop cher par rapport à l’hydrogène gris, produit à partir de gaz naturel, ce qui freine son adoption massive. » En effet, l’électrolyse, bien qu’efficace, nécessite de grandes quantités d’électricité renouvelable, ce qui rend le coût de production élevé. De plus, les infrastructures nécessaires pour transporter, stocker et distribuer l’hydrogène vert sont encore insuffisantes. Actuellement, les infrastructures de distribution de gaz, par exemple, ne sont pas adaptées à l’hydrogène, et des investissements colossaux sont nécessaires pour construire un réseau d’approvisionnement fiable et sécurisé.

Sur le plan économique, l’un des plus grands obstacles à l’adoption de l’hydrogène vert est son coût de production élevé. « Actuellement, il reste bien plus cher que l'hydrogène gris, qui est encore largement utilisé dans les industries lourdes », renchérit Jean-Marc Jancovici. Cependant, comme l’indique Sophie Gachet, économiste spécialisée en transition énergétique sur Internetachive, « Les prix devraient baisser au fur et à mesure que les volumes de production augmentent et que les technologies d’électrolyse deviennent plus efficaces, mais cela prendra du temps et nécessitera un soutien politique fort ».

Également, le financement de projets d’envergure, comme ceux de l’hydrogène vert, reste également un défi. Les acteurs privés sont souvent réticents à investir dans des technologies qui n’ont pas encore prouvé leur rentabilité à grande échelle. À ce propos, Pierre-François Bernard, directeur de l’innovation chez Air Liquide, souligne : « L'État doit jouer un rôle crucial en soutenant les projets pilotes et en mettant en place des politiques incitatives, telles que des subventions ou des crédits d’impôt, pour encourager l’investissement privé. » Ainsi, pour surmonter ces obstacles, plusieurs pistes de solution sont envisagées par les experts. La réduction des coûts de production passe d’abord par une meilleure efficacité des électrolyseurs et un accroissement de la capacité de production d’énergie renouvelable. L’extension des infrastructures de transport et de stockage de l’hydrogène est également essentielle pour garantir une distribution efficace. D’autre part, des partenariats public-privé, soutenus par des politiques de subventions et des crédits d’impôt pour les projets de transition énergétique, seront cruciaux pour attirer les investisseurs privés et garantir le succès de l'hydrogène vert à grande échelle. Selon Jean-Marc Jancovici, « La transition énergétique ne pourra réussir que si les États prennent des mesures pour réduire les risques économiques et garantir des prix compétitifs pour les entreprises investissant dans des technologies vertes ».


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