Le réchauffement climatique en Afrique menace gravement l’agriculture et la sécurité alimentaire, avec des prévisions alarmantes pour les prochaines décennies. Le continent pourrait dépasser le seuil critique de 1,5°C d’ici 2050, aggravant les conditions climatiques extrêmes.
L’Afrique est confrontée à un réchauffement climatique qui dépasse de loin celui du reste du monde, selon un rapport publié le 25 février 2025 par le Centre international pour l’agriculture et les sciences biologiques (CABI). Bien que le continent ne soit responsable que de 3,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, il risque de souffrir de manière disproportionnée des effets du changement climatique. Le rapport souligne que, d’ici 2050, la température moyenne de l’Afrique dépassera le seuil de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, une barre que l’Accord de Paris espérait ne pas franchir à l’échelle mondiale d’ici la fin du siècle.
Une accélération du réchauffement en Afrique
Ce constat, issu du rapport intitulé "Developing just transition pathways for Africa’s agriculture towards low emission and climate resilient development under a 1.5°C global warming", rappelle que l’objectif de l’Accord de Paris est de limiter l’élévation de la température mondiale à 1,5°C d’ici 2100. Cependant, en Afrique, la réalité est bien plus inquiétante. Selon les chercheurs, la température moyenne annuelle du continent a augmenté de plus de 0,5°C par décennie au cours des 30 dernières années. Ce phénomène devrait se poursuivre à un rythme accéléré, bien que son intensité varie d’une sous-région à l’autre.
L’Afrique du Nord, l’Afrique australe et l’Afrique de l’Ouest sont les plus exposées à ce réchauffement. Les prévisions montrent que, d’ici le milieu du siècle, les températures pourraient augmenter de 1,4 à 2,5°C en Afrique du Nord, de 1,1 à 2°C en Afrique australe, et de 1,1 à 1,8°C en Afrique de l’Ouest, sous un scénario de faible forçage radiatif. Ces hausses de température risquent de perturber gravement les écosystèmes et d’aggraver les conditions de vie de millions de personnes.
Un impact dévastateur sur l’agriculture et la sécurité alimentaire
Les effets les plus dramatiques du réchauffement en Afrique concerneront l’agriculture et la sécurité alimentaire. Le rapport prévoit une baisse significative des rendements agricoles dans plusieurs régions du continent. En Afrique de l’Ouest, les rendements du maïs pourraient chuter de 2 à 57 %, du sorgho de 8 à 48 %, et du millet perlé de 7 à 12 % d’ici 2050, selon les scénarios de réchauffement. Ces pertes compromettent gravement l'approvisionnement alimentaire et risquent de provoquer une hausse des prix des produits agricoles essentiels.
Les zones semi-arides de l'Afrique, en particulier, verront des pénuries d’eau et des sécheresses prolongées, tandis que d’autres régions pourraient souffrir de précipitations excessives, entraînant des inondations destructrices. La montée du niveau de la mer pourrait également affecter les zones côtières, comme le delta du Nil et les côtes de l'Afrique de l’Est, du Nord et de l’Ouest, menaçant les habitats et l’agriculture.
Des solutions pour atténuer les effets du réchauffement
Face à cette menace croissante, le rapport du CABI appelle à des actions immédiates pour adapter l’agriculture aux nouvelles réalités climatiques. Il devient crucial de réorganiser les systèmes agricoles, d’élevage et de pêche pour les rendre plus résilients. Le rapport plaide pour un financement accru des innovations en matière d’agriculture durable, la restauration des sols dégradés, la protection des écosystèmes et la régénération des pools génétiques des cultures et du bétail.
Les experts préconisent également de renforcer la mobilisation des eaux pluviales et de soutenir les marchés locaux pour favoriser la distribution équitable des ressources agricoles. En somme, le rapport met en lumière l’urgence d’agir pour protéger l’agriculture en Afrique, seule capable de nourrir un continent qui subit déjà les premières conséquences dramatiques du réchauffement climatique.