Le Bénin se dote d’une innovation majeure dans le domaine des énergies renouvelables. Grâce à Habib Lodonou, ingénieur en énergies et fondateur de Be Energy Bénin, la technologie de régénération des batteries solaires usagées devient une réalité. Un projet ambitieux qui se veut à la fois écologique, économique et durable.
Une innovation née d’un constat alarmant
Tout commence par une observation frappante : la durée de vie des batteries solaires demeure trop courte, oscillant entre trois et cinq ans. Habib Lodonou, alors installateur de panneaux solaires, est témoin du désarroi de ses clients contraints de renouveler fréquemment leur équipement à des coûts exorbitants. Face à ce constat, une question s’impose : comment prolonger la vie de ces batteries ?
Sa quête de solutions le mène à l’Université Clermont-Ferrand en France, où il obtient un diplôme d’ingénieur en énergies. C’est là qu’il découvre la société Be Energy France, pionnière mondiale dans la régénération des batteries, huiles et moteurs. Sous l’égide de Bertrand, directeur de ladite entreprise, il se perfectionne dans cette technologie révolutionnaire, allant jusqu’à Istanbul pour affiner son expertise. Convaincu du potentiel de cette avancée, il fait le choix de revenir au Bénin pour en assurer la vulgarisation.
Un parcours exceptionnel au service de l’innovation
Habib Lodonou n’en est pas à son premier coup d’éclat. Titulaire d’un baccalauréat scientifique, il poursuit ses études en Génie mécanique énergétique à l’Institut Universitaire de Technologie de Lokossa, où il décroche une licence professionnelle. Dès ses débuts, son engagement est clair : promouvoir l’énergie solaire comme alternative aux systèmes conventionnels, alors que les délestages chroniques paralysent Cotonou. Son expérience de sept ans en tant qu’installateur indépendant renforce son expertise et le confronte directement aux limites des batteries solaires. La solution, il la trouve en reprenant ses études en France, découvrant ainsi une technologie capable de redonner vie non seulement aux batteries solaires, mais aussi aux batteries de démarrage des véhicules et aux chargeurs élévateurs électriques.
Un impact économique et environnemental considérable
Loin d’être anodine, la régénération des batteries usagées s’avère être une réponse efficace aux enjeux environnementaux et économiques. Habib Lodonou en détaille les bénéfices : « Une batterie régénérée coûte 50 % moins cher qu’une batterie neuve, tout en offrant la même qualité, la même capacité et la même performance. » Ainsi, « une batterie vendue à 100 000 FCFA pourrait être régénérée pour seulement 50 000 FCFA », a-t-il ajouté. Les retombées écologiques sont tout aussi notables. L’abandon des batteries usagées dans la nature constitue une source majeure de pollution. En régénérant une tonne de batteries, ce sont trois tonnes de CO2 qui sont évitées. Une approche saluée par Eco-entreprises, qui affirme : « Les solutions de régénération, lorsqu’elles sont envisageables, réduisent drastiquement les émissions de carbone, dynamisent l’emploi local, réduisent les déchets dangereux et doublent la durée de vie des batteries. »
Un processus bien rôdé
La technologie de régénération suit un protocole strict. Elle débute par la collecte des batteries usagées auprès des clients, à l’exception de celles présentant des fissures irrémédiables. Suit une phase de traitement s’étalant sur 48 à 72 heures. Enfin, chaque batterie régénérée est testée pour garantir son efficacité avant d’être livrée aux utilisateurs. Toutefois, malgré les avantages manifestes de cette technologie, son adoption demeure un défi. Lodonou pointe du doigt un manque de sensibilisation et d’adhésion des acteurs du solaire et du transport. « Il faut se faire connaître et établir des collaborations avec les professionnels du secteur », souligne-t-il.
Un défi à relever pour une expansion durable
Conscient des obstacles à surmonter, Habib Lodonou adopte une approche stratégique. Il entend travailler de concert avec les médias, les entreprises du solaire et les acteurs du transport, tels que l’AISER, afin d’étendre la technologie à l’ensemble du territoire béninois et, à terme, à la sous-région. À travers cette innovation, c’est tout un pan du développement durable qui prend forme au Bénin. Entre gains économiques, préservation de l’environnement et amélioration des conditions de vie, la régénération des batteries solaires s’impose comme une alternative prometteuse, à même de transformer durablement le paysage énergétique du pays.