FERMETURE L’USAID ET AVENIR INCERTAIN DES INITIATIVES ENVIRONNEMENTALES EN AFRIQUE : Quand le grand mécène plie bagage !

L’Agence américaine pour le développement international (USAID) ferme ses bureaux, et avec elle, une page de l’histoire du développement en Afrique se tourne. L’annonce, bien que discrète, laisse derrière elle une myriade d’interrogations et un goût d’inachevé. Pendant des décennies, cette institution a distribué, telle une providence moderne, des financements destinés à accompagner les pays africains dans leur transition environnementale. Désormais, le rideau tombe, et l’Afrique, toujours dépendante des largesses étrangères, se retrouve une fois de plus à la croisée des chemins.

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L’USAID : sauveur ou simple acteur d’un théâtre bien orchestré ?

Avec son portefeuille bien garni et ses promesses d’un avenir radieux, l’USAID s’est imposée comme l’un des principaux bailleurs de fonds dans la lutte contre le changement climatique et la protection des écosystèmes en Afrique. Elle a œuvré dans la gestion des ressources naturelles, la lutte contre la désertification et le soutien aux énergies renouvelables. Au Bénin, par exemple, l’agence américaine a mis en place des projets pour la préservation des forêts, la gestion durable des terres agricoles et l’accès aux énergies vertes. Des initiatives comme la formation des agriculteurs aux pratiques agro-écologiques, la reforestation de zones dégradées et l’installation de systèmes solaires dans les villages ont été financées à grands renforts de subventions. Mais aujourd’hui, tout cela semble s’évaporer dans un tourbillon de décisions politiques prises à des milliers de kilomètres.

Fermeture des bureaux : une indépendance forcée ou une perte tragique ? D’aucun diront que cette fermeture est une chance pour l’Afrique de prendre enfin son destin en main. Mais les sceptiques, eux, y voient un abandon déguisé, une démonstration brutale de ce que signifie la realpolitik : lorsque l’intérêt s’estompe, l’aide aussi. Loin des discours philanthropiques, l’aide au développement n’a jamais été exempte d’intérêts stratégiques. Ce départ soudain amène donc une question essentielle : les pays africains étaient-ils réellement accompagnés vers l’autonomie ou simplement maintenus sous perfusion jusqu’à ce que le bailleur décide de retirer la prise ?

Pour certains environnementalistes béninois, cette situation est un signal d’alarme. La lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité exigent une continuité et des investissements constants. Que deviendront les projets en cours, les communautés qui bénéficiaient de cette assistance et les programmes d’éducation environnementale soutenus par l’USAID ? À l’heure où le Bénin, comme de nombreux pays africains, s’efforce de concilier croissance économique et développement durable, l’absence d’un soutien financier conséquent risque de ralentir considérablement les avancées obtenues.

L’Afrique à l’épreuve de son propre destin

Si cette fermeture a un mérite, c’est bien celui de rappeler que l’Afrique ne peut plus se reposer éternellement sur l’aide extérieure. La gestion durable des ressources naturelles ne peut être un simple projet financé par un partenaire étranger, mais une politique nationale enracinée dans les réalités locales. Il est temps que les États africains, et notamment le Bénin, repensent leur modèle de développement environnemental. Il ne suffit plus d’attendre l’arrivée d’un émissaire venu de Washington avec une mallette pleine de promesses. Les gouvernements africains doivent créer leurs propres mécanismes de financement pour les initiatives écologiques, impliquer davantage le secteur privé et encourager une véritable économie verte. La fermeture des bureaux de l’USAID n’est ni une catastrophe ni une bénédiction, mais une épreuve de vérité. L’Afrique peut-elle enfin s’émanciper de la dépendance à l’aide internationale et bâtir un modèle de développement durable autonome ? L’avenir nous le dira. En attendant, les projets en suspens devront trouver de nouveaux bienfaiteurs… ou disparaître dans l’oubli.


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