Le Bénin s’engage résolument dans la transition énergétique avec un accent particulier sur les énergies renouvelables. À l’occasion de la Journée internationale des énergies propres, célébrée le 26 janvier, et du sommet africain des énergies "Mission 300", des experts du secteur se sont penchés sur les avancées, les défis et les perspectives de la transition verte dans le pays. Cette rencontre avec les professionnels des médias a permis de mettre en lumière les enjeux liés au développement des énergies renouvelables ainsi que les stratégies mises en place pour assurer une électrification durable et accessible à tous.
Bref historique et état des lieux des EnR au Bénin
Le Bénin accélère sa transition énergétique avec les énergies renouvelables. Faustin Dahito, expert en énergies renouvelables et pionnier du secteur au Bénin, a insisté sur la nécessité d’une appropriation locale des enjeux énergétiques. Selon lui, un manque d’initiative nationale risquerait de laisser ce secteur stratégique sous la domination d’acteurs étrangers. Il rappelle que, « dans le passé, les hôpitaux béninois, notamment le CNHU, étaient souvent confrontés à des pannes de groupes électrogènes, mettant en danger la vie des patients en cas de coupure d’électricité. » Dès cette époque, il avait proposé l’adoption de l’énergie solaire pour garantir un approvisionnement fiable et sécurisé, un défi qui reste plus que jamais d’actualité. Il souligne également qu’il y a quelques années encore, le Bénin ne disposait pas d’une véritable industrie dédiée aux énergies renouvelables, une situation qui évolue progressivement aujourd’hui. Léonide M. Sinsin, Président de l’Association Interprofessionnelle des Spécialistes des Énergies Renouvelables du Bénin (AISER-Bénin) et Directeur Général Aress, a mis en avant la domination du solaire dans le mix énergétique national. Selon lui, le principal atout de cette source d’énergie réside dans sa rapidité de déploiement. Il a illustré ses propos en expliquant qu’en moins de deux semaines, une localité peut être électrifiée ou un forage alimenté. Il a également évoqué l’accessibilité croissante du solaire, dont le coût a considérablement baissé ces dernières années, le rendant plus abordable pour de nombreux ménages. Toutefois, il a rappelé que d’autres sources d’énergie renouvelable, comme l’éolienne et la géothermie, demeurent encore sous-exploitées. Les statistiques récentes révèlent une nette progression du taux d’électrification au Bénin, qui atteint aujourd’hui 69 % en milieu urbain et 36 % en milieu rural. Le pays ambitionne d’atteindre une couverture de 85 % d’ici 2030. Les énergies renouvelables représentent environ 15 % du mix énergétique national, une proportion en constante augmentation grâce aux investissements dans les infrastructures solaires et éoliennes. Plusieurs acteurs participent à cette dynamique, notamment le gouvernement, le secteur privé, les partenaires internationaux et les organisations de la société civile. Les politiques publiques jouent un rôle crucial dans l’essor des énergies renouvelables. Des subventions et incitations fiscales ont été instaurées pour encourager leur adoption. Plusieurs projets majeurs sont en cours, dont la construction de centrales solaires et le développement de mini-réseaux destinés à l’électrification des zones rurales. Toutefois, certains défis demeurent. Le financement constitue un frein majeur, limitant l’accès aux technologies et ralentissant l’expansion du secteur. « La formation de la main-d’œuvre qualifiée et la sensibilisation des populations sont également des enjeux essentiels. De plus, la concurrence avec des entreprises étrangères mieux dotées financièrement menace le développement des acteurs locaux », a expliqué Léonide M. Sinsin.
Enjeux et défis
Par ailleurs, les infrastructures énergétiques doivent être adaptées aux réalités locales pour garantir leur efficacité et leur durabilité. Un autre défi majeur réside dans la mise en place d’un cadre réglementaire solide, qui favorise l’investissement et protège les intérêts des acteurs nationaux du secteur. De nombreux spécialistes insistent également sur l’importance de développer des filières locales de production d’équipements et de maintenance, afin de réduire la dépendance aux importations et d’assurer une autonomie énergétique accrue.
Perspectives pour un avenir durable
L’AISER Bénin envisage un avenir structuré autour de plusieurs axes. À court terme, le renforcement des compétences locales et l’amélioration des formations spécialisées seront prioritaires. À moyen terme, l’association entend mobiliser davantage de financements et intégrer plus largement les énergies renouvelables dans le mix énergétique national. À long terme, elle aspire à une autonomie énergétique basée sur des solutions durables et respectueuses de l’environnement. Pour atteindre ces objectifs, une mobilisation accrue de toutes les parties prenantes est essentielle. L’AISER Bénin appelle à une implication plus forte des pouvoirs publics, des entreprises et des citoyens dans la promotion des énergies propres. Elle invite également les investisseurs à s’engager davantage dans ce secteur en pleine expansion, afin de contribuer à un avenir énergétique durable. Enfin, elle exhorte les autorités à adopter des politiques plus inclusives et incitatives pour renforcer la compétitivité des acteurs nationaux et assurer une transition énergétique réussie au Bénin. L’électrification durable du Bénin passe par une politique plus inclusive et des investissements stratégiques. Un défi de taille, mais essentiel pour garantir un avenir énergétique stable et respectueux de l’environnement.