La Banque mondiale met en lumière l'impact dévastateur du changement climatique sur l'économie du Zimbabwe, estimant que la sécheresse prolongée pourrait coûter jusqu’à 12% du PIB par an, avec des pertes particulièrement lourdes pour l’agriculture.
Le changement climatique continue d'affecter gravement l’économie du Zimbabwe, avec des conséquences particulièrement sévères pour son secteur agricole. Selon un rapport de la Banque mondiale, les impacts des phénomènes climatiques extrêmes pourraient entraîner une perte annuelle de 12% du produit intérieur brut (PIB) du pays, compromettant ainsi ses objectifs de développement.
Le rapport met en lumière les effets dramatiques de la sécheresse de 2023-2024, exacerbée par El Niño. Cette sécheresse a provoqué une chute de 60% des rendements de maïs, essentielle à l’alimentation et à l’économie nationale, entraînant des pertes économiques estimées à 363 millions de dollars. Cette situation a également provoqué une contraction de 3,2% du PIB, et un déficit budgétaire accru de 0,9% du PIB.
L’agriculture joue un rôle central dans l’économie du Zimbabwe, représentant 17% du PIB et 40% des exportations, tout en employant près de 70% de la population. Cependant, sa forte dépendance aux précipitations fait du pays une cible vulnérable face aux aléas climatiques.
La Banque mondiale appelle à une action immédiate pour atténuer ces impacts, proposant une stratégie intégrée combinant adaptation au changement climatique et anticipation des crises. Parmi les mesures recommandées figurent la réorientation des subventions agricoles vers des pratiques durables comme l’irrigation, la gestion des ressources en eau et la recherche agronomique. L’établissement d’un fonds climatique et l’élargissement des transferts monétaires pour soutenir les populations les plus vulnérables sont également des priorités.
« Pour renforcer la résilience du Zimbabwe face aux défis climatiques, des investissements conséquents dans l’adaptation sont nécessaires, tout comme des stratégies proactives pour anticiper les chocs », a précisé Easther Chigumira, spécialiste senior de l’agriculture à la Banque mondiale.
Face à ces défis, le gouvernement zimbabwéen a mis en place un plan pour la campagne agricole 2024/2025, avec un investissement de 1,6 milliard de dollars, dont 40% seront financés par l’État. Ce programme vise une augmentation de 8,6% des surfaces cultivées en céréales, avec une récolte de 3,2 millions de tonnes prévue, contre seulement 750 000 tonnes l’année précédente.
Si ces efforts portent leurs fruits, le pays pourrait voir une croissance économique de 6% en 2025, soutenue par un rebond agricole et une hausse attendue de la production de 12,8%. Cependant, cette reprise dépendra largement de la gestion des risques climatiques et des investissements dans une agriculture résiliente.