CHANGEMENT CLIMATIQUE : Un moteur des migrations forcées en Afrique

Le changement climatique, autrefois perçu comme une menace lointaine, est désormais un risque immédiat et global. En Afrique, il accélère les migrations forcées, mettant en lumière la vulnérabilité des populations face aux catastrophes environnementales. Le rapport 2025 du Forum économique mondial place ces phénomènes parmi les préoccupations majeures du continent.

Changement climatique Légende : Changement climatique

Le Global Risks Perception Survey (GRPS) 2025 du Forum économique mondial souligne l'impact croissant du changement climatique, en particulier à travers les phénomènes météorologiques extrêmes qui deviennent de plus en plus fréquents et dévastateurs. Depuis 2014, ces risques environnementaux figurent systématiquement dans le top 6 des préoccupations mondiales, et cette tendance se confirme cette année, avec 14% des experts qui les jugent prioritaires pour l’avenir selon nos confrères de l’Agenceecofin. Les sécheresses prolongées, les inondations catastrophiques et les vagues de chaleur affectent désormais de plus en plus de populations, particulièrement en Afrique. Ces événements ont des répercussions majeures sur la vie quotidienne, forçant des millions de personnes à quitter leurs foyers. Le changement climatique est devenu un facteur sous-jacent de nombreuses crises, avec les migrations forcées en tête des conséquences observées. Dans un premier temps, en 2023, l'Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) a rapporté qu’en Afrique, les catastrophes naturelles ont fait exploser le nombre de déplacés internes, multipliant par six les chiffres en 14 ans. Le nombre de déplacés en Afrique est ainsi passé de 1,1 million en 2009 à 6,3 millions en 2023. Les inondations, qui représentent plus de 75% des déplacements, et les sécheresses (11%) sont les causes principales de ces migrations. Ces déplacements n’affectent pas seulement les individus, mais engendrent des tensions sociales dans les zones d’accueil.

L’arrivée massive de personnes dans les zones urbaines crée une pression sur des infrastructures déjà fragiles, accentuant les problèmes liés à la surpopulation et à la compétition pour les ressources naturelles limitées. Les coûts économiques sont également lourds : entre 2% et 5% du PIB de nombreux pays africains sont investis dans la lutte contre les effets du changement climatique, et certains y consacrent jusqu’à 9% de leur budget national. L’impact du changement climatique est particulièrement marqué sur l’agriculture, secteur vital pour la majorité des populations africaines. Selon l’OCHA, les inondations de 2024 ont ravagé 960 000 hectares de terres cultivées et causé la perte de 128 000 têtes de bétail en Afrique de l’Ouest et centrale. Cette situation accentue la vulnérabilité des communautés dépendantes de l’agriculture et rend encore plus urgente l’adoption de pratiques agricoles durables et résilientes. Face à ces défis, des initiatives voient le jour pour atténuer les impacts du changement climatique. Des pays comme la Côte d’Ivoire élaborent des plans nationaux d’adaptation, tandis que des projets comme Africa Carbon Markets cherchent à réformer les systèmes agroalimentaires du continent. Le développement de technologies comme les plateformes de collecte de données climatiques en Ouganda permet également de mieux cibler les réponses face aux catastrophes.

Cependant, malgré ces efforts, la mise en œuvre de la Convention de Kampala (adoptée en 2009) reste lente. Ce texte juridiquement contraignant, qui vise à protéger les déplacés internes en Afrique, est freiné par des obstacles législatifs et par le manque de ratification dans certains États. À long terme, le Global Risks Report 2025 prévoit que les événements climatiques extrêmes continueront d’être les principaux risques pour l’Afrique subsaharienne, devant le manque d’opportunités économiques et la perte de biodiversité. Ce rapport confirme que le changement climatique n'est plus une menace distante, mais une réalité immédiate, qui redéfinit les enjeux de sécurité, de développement et de stabilité sur le continent.


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