Les Îles Salomon, archipel paradisiaque du Pacifique, sont aujourd’hui confrontées à une crise de l’eau potable alarmante. Malgré des investissements internationaux massifs et la construction d’une usine de traitement financée par des donateurs, l’accès à une eau propre et abordable demeure un défi majeur pour la population. Une enquête conjointe menée par « OCCRP et In-depth Solomons », révèle comment ce projet, censé améliorer les conditions de vie des habitants, a finalement échoué à résoudre le problème.
Dans la capitale Honiara, l’eau potable est devenue un bien rare et coûteux. Pour répondre à cette crise, une usine de traitement des eaux, financée par des bailleurs internationaux et promue comme un projet d’infrastructure clé, devait garantir un approvisionnement fiable et abordable pour les habitants. Pourtant, plusieurs années après son lancement, la situation reste critique.
Une usine de traitement promise comme solution miracle
Selon l’enquête menée par OCCRP et In-depth Solomons, « la construction de l’usine a été marquée par une mauvaise gestion, des retards et un manque d’entretien qui ont considérablement réduit son efficacité ». Pire encore, l’eau traitée reste hors de portée pour de nombreuses familles en raison des coûts élevés imposés par les distributeurs privés.
Une eau chère et inaccessible pour les plus pauvres
Alors que les infrastructures étaient censées améliorer l’accès à l’eau potable, la réalité sur le terrain est bien différente. Les habitants doivent toujours se tourner vers des sources non sécurisées, comme les rivières et les puits, augmentant ainsi les risques de maladies hydriques telles que la diarrhée et le choléra. Les familles qui parviennent à acheter de l’eau traitée doivent payer des prix exorbitants. Selon l’enquête, certaines entreprises privées profitent du manque de régulation pour imposer des tarifs prohibitifs, rendant l’eau propre inabordable pour une grande partie de la population.
« Nous pensions que cette usine allait changer nos vies, mais aujourd’hui, nous sommes toujours contraints d’utiliser l’eau des rivières», témoigne un habitant de Honiara.
Une crise de gouvernance derrière l’échec du projet
Le rapport souligne également des dysfonctionnements au sein des institutions locales. Mauvaise allocation des fonds, absence de suivi des travaux et manque de transparence ont entravé le bon fonctionnement de l’usine. En conséquence, l’impact attendu sur la population ne s’est jamais concrétisé. Certaines organisations locales dénoncent une gestion opaque des financements et appellent à une meilleure régulation du secteur de l’eau. Des ONG et activistes réclament des audits indépendants et une plus grande implication des autorités pour garantir un accès équitable à cette ressource essentielle.
Quelles solutions pour l’avenir ?
Face à cette crise, plusieurs pistes sont évoquées par les experts :
1. Une meilleure régulation du prix de l’eau, pour éviter que les distributeurs privés ne pratiquent des tarifs abusifs.
2. Un renforcement de l’entretien et de la maintenance des infrastructures, afin d’assurer un fonctionnement optimal de l’usine.
3. Une plus grande transparence dans l’allocation des financements, pour garantir que les fonds internationaux bénéficient réellement aux populations locales.
4. Le développement de solutions alternatives, comme la collecte d’eau de pluie et la purification locale à moindre coût.
Sans une réforme profonde de la gestion de l’eau aux Îles Salomon, la situation risque de perdurer, mettant en danger la santé et le bien-être des habitants. L’échec de cette usine de traitement des eaux illustre un problème plus large : la nécessité d’une gouvernance responsable et efficace dans la gestion des ressources vitales. L’eau, ressource essentielle à la vie, ne devrait pas être un privilège réservé à ceux qui peuvent se l’offrir.