SECTEUR ENERGETIQUE GHANEEN EN CRISE : Un endettement massif avec une pénurie d’électricité persistante

Le secteur énergétique du Ghana traverse une période difficile, avec une dette qui dépasse désormais 3 milliards de dollars suivis des coupures d’électricité fréquente. Une situation dont le gouvernement peine à résoudre, malgré les nombreux efforts pour restructurer la dette et améliorer la situation financière du secteur.

Ministre de l'Energie John Abdulai Jinapor Légende : Ministre de l'Energie John Abdulai Jinapor

Le Ghana est en proie à une crise énergétique qui dure depuis plusieurs années, marquée par des coupures d’électricité récurrentes. Le ministre de l’Énergie, John Abdulai Jinapor, a récemment révélé que la dette du secteur énergétique s’élève désormais à plus de 3 milliards de dollars, contre une somme de 2,1 milliards de dollars en août 2017. Cette annonce a été faite le 13 janvier dernier lors de son intervention devant la Commission des nominations du Parlement, rapportée par l’Agence ghanéenne de presse (GNA).

En effet, la situation est en grande partie due aux ventes d’électricité non comptabilisées, un problème majeur qui a contribué à l’accroissement de la dette. Le ministre Jinapor a également pointé du doigt les retards de paiement envers les producteurs d’électricité indépendants (IPP), dont les créances atteignaient 1,2 milliard de dollars en octobre 2024. Ces producteurs, qui jouent un rôle clé dans l'approvisionnement du pays en électricité, font face à des difficultés majeures pour continuer leurs activités en raison de l'insolvabilité du gouvernement.

Selon nos confrères de l’Agenceecofin, malgré la présence de trois barrages hydroélectriques majeurs (Akosombo, Kpong, et Bui) et des réserves offshores de pétrole et de gaz, le Ghana dépend largement des importations de gaz en provenance du Nigeria, ce qui le rend vulnérable aux fluctuations du marché énergétique régional. Selon l'Agence internationale de l’énergie (AIE), près de 63 % de l’électricité du pays est produite à partir du gaz naturel, tandis que l’hydroélectricité représente environ 35 % de la production.

Le gouvernement ghanéen, sous l’autorité du président John Mahama, a pris des mesures d’urgence pour tenter de résoudre cette crise. Tout d’abord, des importations de carburant ont été ordonnées pour compenser les pénuries d’électricité, et des réunions avec les acteurs du secteur énergétique ont été convoquées pour renforcer la gestion du secteur. Le gouvernement met également l'accent sur l'amélioration de l'efficacité du secteur et la réduction des inefficacités systémiques, dans l’espoir de stabiliser la situation à court terme.

D’après les informations rendues publique sur Agenceecofin, le pays est en pleine restructuration de sa dette globale de 5,4 milliards de dollars, avec l’appui d’un programme de soutien du Fonds monétaire international (FMI), d’un montant de 3 milliards de dollars dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC). Le FMI a insisté sur la nécessité de résoudre rapidement les problèmes du secteur énergétique afin de limiter les risques budgétaires et garantir la stabilité économique du pays.

En parallèle, la loi sur les taxes du secteur de l’énergie (ESLA), instaurée en 2015 sous le mandat précédent de Mahama, a permis de collecter environ 45 milliards de cedis pour financer partiellement le secteur et rembourser les dettes des producteurs d’électricité. Cependant, selon le ministre Jinapor, ces fonds ne suffisent pas à couvrir l’ampleur de la dette accumulée, ce qui souligne la gravité de la situation et la nécessité d'une réforme plus profonde.


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