Après la 7e édition annuelle de Mining on Top Africa (#MOTA), le congrès minier africain à Paris, c’est donc cette semaine que se tient la première édition du Salon International des Ressources extractives et énergétiques (SIREXE 2024) au Parc des Expositions d’Abidjan à jusqu’au 2 décembre prochain. Pour la première fois en Afrique, un salon international réuni les trois secteurs des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. Cet événement, organisé par la Côte d’Ivoire, offre ainsi des opportunités uniques de collaboration, d’échange et d’investissement pour les leaders de ces trois secteurs du monde entier.
Placé sous le thème : « Développement durable des industries extractives et énergétiques : quelle politique et stratégie ? », il vise à stimuler les investissements privés, à favoriser les partenariats régionaux et internationaux, ainsi qu’à assurer la présentation des grands projets prioritaires nationaux et sous-régionaux. La Norvège, 3e exportateur mondial de pétrole et 4e exportateur de gaz naturel, reconnue pour son expertise dans les hydrocarbures et les technologies énergétiques, est le pays à l’honneur de cette première édition. Selon Classe-Export, l’industrie minière africaine attire l’attention du monde entier alors que la demande de minéraux critiques continue de croître. Avec les vastes ressources du continent, il y a une dynamique croissante pour capitaliser sur les opportunités dans les minéraux de batterie, essentiels pour les transitions vertes et numériques, à la défense et aux technologies spatiales. Son Excellence M. Alassane Ouattara, qui a souligné lors de son discours à la nation le 18 juin 2024 : « La richesse exceptionnelle de notre sous-sol, notamment en or et en manganèse, ainsi que le potentiel prometteur pour l’exploitation de minéraux stratégiques tels que le nickel, le coltan et le lithium, doit être le moteur d’une croissance soutenue et durable de notre économie. ». Il a aussi ajouté : « Le potentiel industriel de notre pays sera renforcé par la découverte récente des gisements pétroliers et gaziers Baleine et Calao, les deux plus gros gisements qu’a connus le pays. Ces gisements contribueront à concrétiser notre ambition de faire de la Côte d’Ivoire une puissance énergétique et un hub dans la sous-région, tout en ayant le souci de la protection de l’environnement. ». Mme Mireille Aka, Porte-parole et Commissaire général adjoint du SIREXE a pour sa part indiqué »
Les ressources extractives et énergétiques représentent un secteur stratégique pour la Côte d’Ivoire au vu des revenus qu’elles génèrent. Par exemple, les recettes générées par le secteur minier se sont élevées à 372 milliards, soit environ 568 millions d’euros, en 2023. C’est 20 fois de plus qu’en 2012 ! »
Cependant, ce secteur pose d’énormes défis. Dans un rapport publié cet été l‘AFD indique » Toute activité extractive est non soutenable, puisqu’elle consiste à vendre un produit, transformé ou non, et dont le stock est voué à s’épuiser. Notre planète traverse pourtant une période où l’atteinte de la soutenabilité climatique, c’est-à-dire l’arrêt du réchauffement, impose un accroissement très significatif de la quantité de minerais dits critiques pour réussir la transition vers des énergies renouvelables. Autrement dit, la soutenabilité s’appuiera nécessairement sur l’insoutenabilité, et les énergies renouvelables sur des ressources minières qui, elles, ne le sont pas. » L’Afrique se trouve dès lors courtisée économiquement et stratégiquement. À titre d’exemple, 14 % des investissements directs étrangers (IDE) mondiaux dans le secteur des minerais critiques étaient à destination du continent africain entre 2018 et 2022.
Selon ce rapport l’activité minière en Afrique a commencé à augmenter dans les années 2000, notamment du fait de la libéralisation du secteur mais aussi des cours élevés de l’or, et du développement de nouvelles mines dans le monde entier, essentiellement par des investisseurs anglo-saxons (Canada, Australie, Royaume-Uni, etc.). Ce phénomène s’est accéléré dans la seconde moitié des années 2010, du fait de la hausse des investissements internationaux (Chine, Émirats, Inde, Russie, États-Unis, Canada, Japon ou encore Maroc) dans l’or mais aussi dans d’autres métaux (cuivre, cobalt, diamant, manganèse, bauxite, fer,
titane, étain) puis, à partir de 2020, dans de nouveaux métaux (graphite, platine, terres rares, lithium…). Le nombre de sites exploités en Afrique s’élève certainement à plus d’un millier. L’Afrique est la troisième destination des investissements miniers mondiaux sur la période 20182021 et représente 20 % des exportations mondiales de métaux et minerais. « Le secteur minier dans le continent africain produit essentiellement 15 minerais. Les métaux précieux représentent en valeur 46 % des exportations de métaux du continent, soit loin devant les métaux ferreux (23 % des exportations), les métaux non ferreux (19 %) et les minerais industriels (12 %). Les métaux dits de la transition énergétique sont ceux utilisés dans la fabrication de véhicules électriques (cobalt, cuivre, lithium, graphite) et de piles à combustible (métaux du groupe du platine), ainsi que dans les technologies de l’éolien et du solaire photovoltaïque (cuivre, lithium, cobalt, nickel). Ils représentent près de 29 % des exportations. » Le dynamisme actuel du secteur minier africain est en grande partie porté par la production d’or. L’Afrique du Sud possède les premières réserves du continent, constituant les troisièmes réserves mondiales. L’Afrique est incontestablement le leader mondial du cobalt. Le continent possède plus de 50 % des réserves mondiales de ce métal non ferreux, dont 48 % se situent en République démocratique du Congo (RDC), Le continent dispose aussi d’immenses réserves de phosphate (environ 80 % des réserves mondiales), il est aussi un acteur majeur de la production de bauxite, essentiellement dû à la richesse du sous-sol guinéen. Enfin L’Afrique est particulièrement bien dotée en diamants, détenant environ 43 % des réserves mondiales en 2022, se répartissant pour l’essentiel entre l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, la RDC et l’Angola. La part des exportations minières dans les exportations totales est très significative dans de nombreux pays du continent avec des valeurs supérieures à 50 % pour la Zambie, la RDC, la Mauritanie, la Guinée, le Mali et le Burkina Faso.
Cependant, aujourd’hui, certains pays, comme l’Afrique du Sud, soulèvent des questions quant à la pérennité d’un modèle économique basé sur l’exploitation de ses richesses minérales. En l’espace de trois décennies, la contribution de l’industrie minière au PIB sud-africain a connu une chute vertigineuse, passant de 11,1% en 1993 à seulement 4,8% en 2023. Le désintérêt croissant des investisseurs pour le secteur minier sud-africain se reflète dans la part des budgets d’exploration mondiaux alloués au pays. Celle-ci est passée de 5,4% en 2004 à seulement 0,8% en 2022. Selon l’AFD « dans un contexte de compétition entre grandes économies mondiales, on peut craindre que certains impacts socio-économiques et environnementaux négatifs propres à l’industrie minière soient volontairement ignorés, dans un objectif de sécurisation rapide des ressources. Or négliger ces questions pourrait compromettre les efforts déployés pour atténuer le changement climatique et protéger la biodiversité et ce profit pourrait être source de conflits d’usage des terres et de dégradations environnementales, ou de conflit entre populations. » Le rapport préconise ainsi » Les gouvernements des pays africains doivent proposer aux investisseurs étrangers de transformer les minerais sur place, afin de créer davantage de valeur ajoutée et susciter des retombées économiques locales et régionales. Une première étape consisterait à encourager le raffinage des minerais sur le continent. »