Un conseil d’administration de Kikot-Mbebe Hydro Power Company (KHPC) a été mise en place ce 28 mai 2024 à Yaoundé, la capitale camerounaise, selon des sources internes à cette co-entreprise formée à parts égales par l’État du Cameroun et le groupe Électricité de France (EDF) pour concevoir, développer, construire et exploiter le barrage de Kikot (dans la région du Centre du Cameroun), dont la capacité installée projetée est de 500 MW.
Parmi les points à l’ordre du jour figure de ce conseil d’administration tenu mardi 28 Mai 2024, la nomination d’un nouveau directeur général. Selon les documents consultés par Investir au Cameroun, - EDF a jeté son dévolu sur le Français Christophe Avognon. Ce poste revenant statutairement au groupe français, l’adoption de ce choix par le conseil d’administration est donc une formalité.
En effet, Christophe Avognon, Ingénieur hydraulicien formé à l’Institut national polytechnique de Grenoble, va donc remplacer à ce poste sa compatriote Marlène Biessy, qui a présidé aux destinées de cette entreprise de projet depuis sa création en septembre 2023. Jusqu’ici, Christophe Avognon, par ailleurs titulaire d’un 3ème cycle de l’Institut d’administration des entreprises, occupe le poste de directeur régional d’EDF archipel Gouadeloupe, entité chargée de la production, la gestion de l’équilibre entre l’offre et la demande, du transport et de la distribution de l’électricité dans ce territoire français d’Outre-mer.
Nanti d’une expérience professionnelle de 35 ans, dont 30 ans passés au sein du groupe EDF, le nouveau DG de KHPC, qui entrera en fonction à compter du 1er juin 2024, devrait avoir deux missions principales. D’abord, mobiliser les financements pour l’aménagement hydroélectrique de Kikot ; et ensuite démarrer effectivement les travaux sur le terrain. En effet, selon le chronogramme des activités révélé le 25 septembre 2023, au cours de la cérémonie d’installation des premiers dirigeants de la société KHPC à Yaoundé, les parties au projet souhaitent boucler la mobilisation des financements en septembre 2025 au plus tard, et démarrer les travaux la même année, pour une livraison du chantier en 2030.
Banque mondiale
Selon les premières estimations communiquées par EDF, le coût de ce projet énergétique devrait dépasser le milliard d’euros (soit plus de 650 milliards de FCFA). Afin de mobiliser ces financements, EDF compte sur des bailleurs de fonds tels que la banque mondiale, à travers notamment la Société financière internationale (SFI), la filiale dédiée au financement du secteur privé. Selon les informations recueillies par le journaliste Brice R. Mbodiam , « Le Minepat (ministère de l’Economie) a […] marqué sa disponibilité à travailler de concert avec les équipes de EDF pour intéresser le groupe de la Banque mondiale, et plus spécifiquement la Société financière internationale (SFI ou IFC en anglais), dans la perspective du closing financier du projet », avait révélé ce département ministériel le 27 septembre 2022, au sortir d’une discussion avec les responsables du groupe EDF.
Pour rappel, la SFI participe déjà au financement du projet d’aménagement hydroélectrique de Nachtigal, dont EDF est l’actionnaire de référence de la société de projet (Nachtigal Hydro Power Company-NHPC) avec 40% du capital. Ce projet, qui prévoit notamment la construction d’une centrale hydroélectrique d’une capacité de 420 MW, devrait être livré en décembre 2024. La SFI, qui contrôle 20% du capital de NHPC, s’était officiellement engagée à injecter dans cette infrastructure (en fonds propres et en prêt) 217 millions d’euros (plus de 142 milliards de FCFA), soit plus de 18% de son financement global. En plus de la centrale de 500 MW, l’aménagement hydroélectrique de Kikot intègre également la construction d’une ligne haute tension de 400 kV. Cette ligne permettra d’évacuer l’énergie vers la localité de Boumnyébel, d’où elle sera redistribuée dans le Réseau interconnecté sud (RIS), couvrant sept régions sur les dix que compte le Cameroun. A terme, le barrage de Kikot « deviendra la plus grande infrastructure bas carbone jamais réalisée dans la sous-région » Afrique centrale, selon Valérie Levkov, la directrice Afrique, Moyen-Orient et Méditerranée orientale du groupe EDF.