« Garantir l'accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable », c’est l’objectif du développement durable (ODD) clairement affiché par les Nations unies d’ici 2030. A moins de 6 ans de cet horizon, l’accès des populations à l’énergie dans l’espace CEDEAO peine à être une réalité malgré les politiques adoptées par chaque pays. Les chiffres de la production, de la transformation et de la consommation de l’énergie en 2021 dans l’espace soulignent la nécessité de redoubler d’efforts afin d’atteindre l’Odd7.
Situation énergétique de 2010 à 2021 dans l’espace CEDEAO
2030, c’est en moins de 6 ans mais l’accès universel aux services énergétiques propres, abordables et durables est loin d’être une réalité dans les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Autant dire que ces pays ont encore du chemin à faire et les statistiques en disent long. D’après l’édition 2023 des Chiffres clés sur l’énergie dans l’espace Cedeao, publiée par la direction de l’Energie et des Mines de la Cedeao (Dem, décembre 2023), l’approvisionnement en énergie dans l’espace Cedeao est passé de 103 199 kilotonnes d’équivalent pétrole (ktep) en 2010 à 145 785 ktep en 2021. Ce qui porte à 3,2 %, l’augmentation moyenne annuelle des approvisionnements d’énergie sur cette période.
Selon cette publication, l’offre énergétique est dominée par la biomasse énergie représentant près de 61 % des approvisionnements. L’hydroélectricité contribue à environ 1,4 % des approvisionnements et l’électricité importée à hauteur de 0,1 %. La part des énergies renouvelables dans la production d’énergie électrique a augmenté de 3,3 % par an entre 2018 et 2021. La progression la plus importante est celle de l’énergie solaire photovoltaïque qui a connu une augmentation moyenne annuelle de 48 % pour une production d’électricité qui est passée de 18 gigawatt-heures (GWh) en 2010 à 1 500 GWh en 2021, précise le document. Le gaz naturel était la première source de production d’électricité avec 42 % dans la zone, suivi par les produits pétroliers : 37 % et l’hydroélectricité : 19 %.
D’après le rapport de la direction de l’Energie et des Mines de la Cedeao, les Etats producteurs de pétrole brut sont : le Nigeria (89 % de la production de pétrole brut de la région), le Ghana (8 %), la Côte d’Ivoire (2 %). Dans l’industrie du raffinage (produits pétroliers), la Côte d’Ivoire vient en tête avec 49 %, suivie du Nigeria (29 %), du Niger (10 %), du Sénégal (9 %) et du Ghana (4 %). Les raffineries de la Cedeao ont consommé 8943 ktep de pétrole brut pour 8414 ktep de produits pétroliers en 2021, soit un rendement moyen de 94 %, selon le rapport.
Selon les informations rapportées par La Nation, ces chiffres témoignent des efforts déployés par les Etats membres qui se sont engagés à un accès universel aux services énergétiques propres, abordables et durables pour l’ensemble des populations à l’horizon 2030, lors de la quarante-troisième session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao en 2013.
Les défis à relever…
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les résultats sont encore mitigés et il va falloir que les pays de la Cédeao redoublent d’efforts pour atteindre l’ODD7. Sédiko Douka, commissaire chargé des Infrastructures, de l’Energie et de la Digitalisation à la Commission de la Cedeao en est conscient. Il va s’exprimer en ces termes : « La décennie que nous venons d’entamer est cruciale car elle doit nous servir de boussole et nous permettre de faire les efforts nécessaires pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés et qui se rapprochent de plus en plus ». Selon lui, la situation énergétique « motivera davantage à redoubler d’efforts afin d’atteindre le septième Objectif de développement durable (Odd 7) dans l’espace Cedeao d’ici 2030 ».
En effet, le pétrole brut et le gaz naturel sont principalement exportés alors que les produits pétroliers sont principalement importés dans la région. Le solaire photovoltaïque ne représente que 1 % dans la production totale d’énergie électrique de la Cedeao en 2021, selon la Dem/Cedeao. Malgré l’utilisation d’autres moyens de cuisson comme le réchaud à gaz, la carbonisation du bois énergie reste la principale industrie énergétique de la région. Pour produire 19 kg de charbon de bois, 100 kg de bois de feu étaient utilisés en 2021, soit un rendement de 19 % du point de vue de la masse, rapporte le quotidien du service public du Bénin
.La production moyenne de charbon de bois par habitant de la région est de 52 kg. La Guinée (159,24 kg/an/hbt en moyenne), le Liberia (109,24 kg/an/hbt) et le Togo (108,3 kg/an/hbt) sont les pays où les productions de charbon de bois par habitant sont les plus élevées. La production de charbon de bois par habitant la plus basse de la région est enregistrée au Cabo Verde avec une moyenne annuelle de 1,85 kg par habitant. La carbonisation n’est pas autorisée au Niger. La consommation finale totale de la Cedeao en 2021 a atteint 140 millions de tonnes d'équivalent pétrole dont 50,6 % de biomasse (bois, déchets, charbon de bois), et 33,7 % de produits pétroliers.
L’électricité ne représente que 7 % de la consommation finale d'énergie de la zone. Le gaz naturel représentait moins de 1 % de la consommation finale totale. La consommation est dominée par le secteur résidentiel et celui des transports. La consommation pour l’agriculture reste très faible avec 0,2 %, reflétant la faible productivité de l'agriculture dans la région. La part attribuée à l’industrie est inférieure à 10 %.
Pour le peu de temps qui reste avant 2030, les pays de la Cedeao doivent investir davantage dans le secteur énergétique pour un véritable accès universel aux services énergétiques propres, abordables et durables. L’énergie étant un catalyseur de développement, il urgent donc les Etats mettent en place les politiques qui promeuvent le développement des énergies renouvelables.