Les réflexions sur la transition énergétique mondiale défraient la chronique au quotidien. Avec ses conditions climatiques favorables (beaucoup de soleil peut moins de neige), l’Afrique se doit d’occuper une place de choix parmi les producteurs d’énergie solaire mondiaux. Un atout important pour l’Afrique sur lequel Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), attire l’attention à travers une interview accordée à Radio France International (RFI). L’autorité s’est aussi prononcée sur le sommet Italie-Afrique tenu du 24 au 25 janvier 2024, qui réunit une série de chefs d'État du continent autour des questions politiques et énergétiques.
Alors que le potentiel solaire de l'Afrique est gigantesque, force est de constater que cette énergie renouvelable est encore très largement sous-exploitée sur le continent. Pourtant, plusieurs chantiers importants sont désormais inaugurés chaque année. Un mouvement qui pourrait bien se muer en véritable révolution solaire.
Les réserves totales d'énergie solaire théoriquement disponibles sur le continent ont été estimées à près de 60 millions de TWh/an contre 37,5 millions de TWh/an pour l'Asie, Moyen-Orient (hors Égypte) inclus, et seulement 3 millions de TWh/an pour l'Europe. Cependant, l’Afrique est très fortement dépendante des énergies fossiles. La part de celles-ci (pétrole, gaz naturel et charbon) dans sa consommation d'énergie primaire était de 90 % en 2021, contre 83 % pour l'ensemble du monde.
Bien que des efforts sont en train d’être fait, l’Afrique à un taux de pénétration d’énergies renouvelables inférieur à 20% soit 16,5 % de l'hydraulique, 2 % de l'éolien, 0,9 % du solaire photovoltaïque, 0,3 %. Dans le monde entier, en Asie, en Amérique latine, la consommation d'électricité par personne augmente significativement. Mais en Afrique, elle n'a pas bougé depuis trente ans. Cela nous montre que pour se développer économiquement, l'Afrique va avoir besoin de beaucoup d'énergie. « … Le continent africain concentre 60 % de l’irradiation mondiale. Pourtant, en Afrique sub-saharienne, la quantité d'électricité produite grâce aux installations solaires représente la moitié de ce que la Belgique produit en solaire. C'est déprimant ». Déclare désolé, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans une interview accordée à RFI. Malgré ce potentiel solaire bien gigantesque de l'Afrique, force est de constater que cette énergie renouvelable est encore très largement sous-exploitée sur le continent.
Selon une étude menée par le centre de recherche européen JRC, « …Le potentiel photovoltaïque, notamment, est considérable : par endroits, l’ensoleillement est tel qu’un même panneau photovoltaïque y produirait deux fois plus d’électricité qu’en Europe centrale ». Une richesse pour le moment sous exploité car « sur une population totale d'un peu plus de 1,2 milliard d'habitants, 645 millions -soit plus de la moitié- n'ont aujourd'hui toujours pas accès à l'électricité. Si rien n'est fait, la situation s'aggravera, puisqu'il est attendu que les Africains seront deux fois plus nombreux en 2050, soit 2,5 milliards de personnes » renseigne le site la tribune ».
Contrairement aux pays développés, et à l'exception de l'Afrique du Sud et des Etats du nord du continent, l'Afrique fait face, en matière énergétique, non pas à un, mais à deux défis majeurs : l'accès à l'électricité pour tous et la transition énergétique. Pourtant, plusieurs chantiers importants sont désormais inaugurés chaque année. Un progrès qui pourrait bien se muer en véritable révolution solaire. Face à ce constat, l'accès à l'énergie reste donc un enjeu majeur en Afrique subsaharienne, notamment pour soutenir la croissance économique et démographique que connaît la sous-région.
Des études ont également souligné que l’Afrique bénéficie d’une irradiation solaire annuelle moyenne de 2119 kWh/m², avec un potentiel technique estimé à 7900 GW. Le continent possède ainsi 60% des meilleures ressources solaires mondiales, mais ne représente que 1% de la capacité solaire photovoltaïque installée à l’échelle mondiale. De ce fait « …, les énergies renouvelables doivent être la priorité. La raison est simple : l'Afrique a un potentiel énorme en renouvelables. Deuxièmement, c'est moins cher. Moins cher que le charbon, moins cher que le gaz, moins cher que le nucléaire. Et c'est facile. En un ou deux ans, vous pouvez construire une installation solaire. Donc, pour moi, la priorité absolue ce sont les renouvelables : en premier le solaire, puis l'énergie hydroélectrique et enfin l'éolien ». Propose le directeur de l’AIE.
Pour y arriver, les dirigeants des pays africains doivent parvenir à apporter des réponses à la question du financement. Car les investissements dans les énergies renouvelables en Afrique se trouvent à un niveau primaire si l’on se réfère au rapport du cabinet d’expertise BloombergNEF (BNEF). D’après leurs enquêtes, seulement 2,6 milliards de dollars de capitaux ont été déployés pour l’éolien, le solaire, la géothermie et d’autres projets d’énergie renouvelable ces dernières années.
Le coût de production du solaire a considérablement baissé, le rendant plus attractif pour de nombreux investisseurs publics et privés. Toutefois, l’énergie solaire présente un paradoxe : son stockage et l’acquisition des matériaux de qualité représentent toujours un coût assez important. Un coût qui peut être un frein pour le développement des certains projets en Afrique. Néanmoins cela n’empêche pas les acteurs concernés de multiplier les initiatives dans le domaine en faisant le choix de modèles de coopération public-privé le plus souvent réussis. C’est le cas de kenya, l’Afrique du sud, le Maroc, la côte d’ivoire et bien d’autres pays qui excellent en production d’énergie solaire.
Gloria AKOAKOU