Mercredi, HSBC a fait un virage inattendu en matière de politique climatique. La banque britannique a repoussé son objectif de réduction des émissions de CO₂ à 2050, invoquant les difficultés économiques de ses clients. Cette annonce marque un recul considérable dans les engagements climatiques de l’institution, qui s’était pourtant fait applaudir en 2022 pour sa décision de cesser de financer de nouveaux projets dans les secteurs du pétrole et du gaz. Un pas en arrière qui reflète une tendance plus large au sein de la finance mondiale, où plusieurs grandes banques américaines ont récemment quitté la Net-Zero Banking Alliance (NZBA).
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et ses ambitions en matière d’énergies fossiles renforcent cette dynamique de renoncement climatique. Dès son investiture, l’ancien président américain a promis de « forer, forer et encore forer », une déclaration qui remet en question la viabilité des objectifs Net Zéro du secteur bancaire mondial. Selon HSBC, la banque se voit contrainte de « prendre du recul » face à des enjeux économiques de plus en plus pressants. Cette révision stratégique pourrait bien faire des émules parmi les autres acteurs bancaires, déjà mis sous pression par un contexte économique instable.
Les engagements environnementaux des grandes banques se heurtent à la réalité de leurs portefeuilles financiers. Bien que certaines institutions aient signé des engagements formels, comme la Net-Zero Banking Alliance, plusieurs continuent de soutenir activement les industries fossiles. Entre 2016 et 2022, selon le rapport annuel Banking on Climate Chaos, les 100 plus grandes entreprises du secteur fossile ont reçu des financements à hauteur de 5500 milliards de dollars, dont une grande part via des prêts et des lignes de crédit. Parmi les plus grands financeurs de ces industries, HSBC figure aux côtés de JP Morgan Chase, Citi, et Wells Fargo, des banques américaines accusées de continuer à soutenir massivement l'extraction des énergies fossiles.
Face à cette situation, l’annonce récente du Crédit Agricole d’arrêter tout financement de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles semble presque anecdotique. La banque française précise toutefois qu’elle pourrait encore financer certaines infrastructures fossiles, comme les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL). BNP Paribas, de son côté, pourrait également revoir ses engagements après avoir annoncé l'arrêt des financements pour l'exploration et l’exploitation de nouvelles ressources pétrolières et gazières.
Ces évolutions soulèvent une question fondamentale : la finance a-t-elle réellement cru en l’objectif Net Zéro ? Le retrait des banques américaines de la NZBA, le flou des engagements des banques françaises, et la flexibilité d’HSBC pour privilégier des profits à court terme au détriment des engagements climatiques semblent indiquer que le secteur bancaire n’a jamais pris pleinement au sérieux son rôle dans la lutte contre le changement climatique.
Si HSBC, autrefois perçue comme un modèle de banque verte, choisit de réduire la pression sur ses objectifs climatiques, il est probable que d’autres suivent son exemple. À moins que des régulations strictes ou une pression accrue de la part des actionnaires, clients et régulateurs ne viennent contrer cette tendance à la régression.