L'Afrique possède un potentiel important pour améliorer l'accès à l'électricité de sa population, mais les coûts de financement élevés entravent la concrétisation de ce potentiel. Un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), publié le 6 février 2025, analyse ces défis et propose des solutions pour alléger la charge financière qui pèse sur les projets énergétiques du continent.
Le rapport met en lumière des exemples comme le Kenya et le Sénégal, où les coûts du capital pour les projets d'énergie propre restent bien supérieurs à ceux observés dans les pays développés. Selon les données fournies par l’AIE, le coût moyen pondéré du capital (WACC) pour des projets solaires à grande échelle dans ces deux pays varie entre 8,5 % et 9 %, alors qu’en Amérique du Nord ou en Europe, il se situe entre 4,7 % et 6,4 %. En Afrique du Sud et dans d'autres économies émergentes, ce taux grimpe même entre 9,5 % et 11 %. Cette situation, expliquent les experts, résulte d’une combinaison de contraintes financières publiques, d’une faible épargne locale et d’une dépendance excessive aux financements internationaux.
Ces obstacles au financement rendent les projets d'énergie verte moins attractifs et plus coûteux, freinant ainsi le développement des infrastructures nécessaires pour répondre à la demande croissante d'électricité en Afrique. Cependant, l’AIE estime que ces difficultés peuvent être surmontées grâce à des stratégies adaptées.
L’agence recommande que les États africains recourent davantage à des financements concessionnels, tels que des prêts à faible taux d'intérêt ou des garanties de risque, afin de réduire le poids des coûts pour les projets. Toutefois, la mise en œuvre de ces mécanismes dépendra de la capacité des gouvernements à négocier des conditions favorables et à assurer la durabilité de ces financements à long terme.
L'AIE suggère également que les gouvernements améliorent la santé financière des services publics d'électricité en renforçant leur solvabilité et en ajustant progressivement les tarifs de l'électricité pour qu'ils reflètent mieux les coûts réels du marché. Ces ajustements devront tenir compte des impacts sociaux et économiques sur les populations les plus vulnérables.
Pour atténuer les risques financiers liés aux fluctuations monétaires, l'AIE conseille également de promouvoir le financement en monnaie locale. En outre, un meilleur accès aux fonds propres pour les phases initiales des projets et une augmentation des subventions ciblées pourraient favoriser la viabilité des initiatives énergétiques.
Pour que ces solutions portent leurs fruits, l’AIE souligne la nécessité d'accompagner ces mesures de réformes politiques et d'une structuration adaptée des financements. Cela permettrait de créer un environnement plus rassurant pour les investisseurs, essentiel pour accélérer l’expansion de l’électricité en Afrique. Selon l'AIE, cette approche pourrait faire passer les investissements annuels dans le secteur de l’énergie de 110 milliards de dollars à plus de 200 milliards de dollars d’ici 2030.
Ces recommandations ouvrent la voie à une nouvelle dynamique pour le secteur énergétique africain, avec l'espoir de relever les défis financiers tout en garantissant un accès durable à l'électricité pour des millions d'Africains.