Chaque année, les représentants des pays du monde entier se réunissent lors des COP climat pour tenter de se coordonner dans la lutte contre le changement climatique. Chaque année la question de l’aide financière coince.
Selon la publication faite par l’envoyée spéciale de RFI, Jeanne Richard à Copenhague, - les pays riches, responsables historiques du changement climatique sont attendus au tournant par les pays du Sud, qui en subissent les conséquences et qui ont besoin d’aide pour y faire face. Une aide primordiale notamment pour les pays d’Afrique, qui vivent sécheresses, vagues de chaleur, cyclones et inondations de plein fouet. C’est justement le grand enjeu de la prochaine conférence sur le climat, la COP29, qui doit avoir lieu en fin d’année à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan : se mettre d’accord sur un nouveau montant d’aides financières pour les pays pauvres. Le précédent objectif, réunir 100 milliards de dollars chaque année, n’a jamais été atteint, selon les ONG. Les pays occidentaux et l’OCDE affirment l’inverse. Quoi qu’il en soit, les pays du Sud sont méfiants, surtout que 100 milliards, c’est une somme bien loin des besoins réels : il y a une semaine, l’Inde estimait qu’il faudrait plutôt réunir 1 000 milliards de dollars chaque année d’ici 2030 pour aider les pays en développement dans leur transition écologique.
Trouver des financements alternatifs
Lors de ces deux jours de réunions au Danemark, il a donc été question des financements. L’idée était de réaliser un premier tour de table des forces en présence, voir les positions des uns et des autres et lancer des discussions très tôt en amont de la COP pour ne pas se retrouver bloqués sur les points difficiles. « Les 100 milliards auraient dû être atteints plus tôt », reconnaît le ministre du Climat et de l’Énergie du Danemark, Dan Jørgensen. « Le fait que ça n’a pas été possible nous montre à quel point le défi devant nous est important parce qu’on vise désormais un objectif bien plus important ! On n’a pas besoin de milliards… mais de centaines de milliards de dollars. »
Vu l’ampleur des sommes à réunir, les États semblent s’orienter vers plus de financements privés, explique-t-il : « Les pays comme le Danemark, la France et les autres doivent nettement contribuer à cet objectif. Mais cela ne sera pas suffisant. Même si on augmente notre participation et qu’on paie plus qu’aujourd’hui, on n’atteindra toujours pas des centaines de milliards. Donc on doit aller vers plus de financements privés et innovants. Comment exactement ? Les discussions ces prochains mois doivent nous apporter des réponses. »
Plusieurs pistes sont avancées : de possibles taxes sur le transport maritime, l’aviation, les compagnies pétrolières, des facilités de crédits pour les projets verts ou des garanties d’États pour rassurer les investisseurs et les inciter à se lancer. Premier point difficile : l’Occident estime que certains pays, autrefois exemptés de contributions, sont désormais suffisamment développés pour participer au pot commun en faveur des pays pauvres. Sans jamais les citer, c’est bien la Chine ou les pays du Golfe qui sont visés. Un point de vue qui n’est pas partagé par les principaux concernés. Un autre sujet de discussion a animé les débats à Copenhague : les nouvelles Contributions nationales déterminées (NDC). Il s’agit des nouveaux plans concrets des pays pour lutter contre le changement climatique et s’adapter. Dans un an, des documents détaillés doivent être rendus à l’ONU climat. Tous les États s’y sont engagés mais il est peu probable que tous y parviennent.
Les États-Unis et l’UE contre une nouvelle aide financière
Les pays semblent pour l’instant s’accorder pour que ces plans aillent plus loin que ceux publiés actuellement. Ils doivent couvrir tous les pans de l’économie : transport, énergie, agriculture, bâtiment, industrie, etc. Enfin, ils doivent cibler les émissions de tous les gaz à effet de serre et pas seulement le CO2. Les émissions de méthane et de protoxyde d’azote, qui ont pouvoir encore plus réchauffant, doivent également être ciblés.
Là encore, les pays du Sud ont besoin d’assistance pour mettre en place des plans ambitieux. Là encore, les pays du Nord sont frileux à l’idée d’une énième aide financière, les États-Unis et l’Union européenne, notamment.
Fait notoire jeudi 21 mars, lors des premiers échanges, ouverts à la presse, les États-Unis se sont fait remarquer avec un discours plutôt véhément et réticent à l’idée de desserrer les cordons de la bourse : « Nous pensions que c’était une discussion privée », s’est expliqué John Podesta, le nouvel envoyé spécial de la Maison Blanche pour le climat - il remplace John Kerry qui a rejoint la campagne de Joe Biden pour la présidentielle américaine.
Les Américains estiment que leur aide en faveur des pays pauvres - 11 milliards de dollars - est suffisante. La société civile au contraire reproche aux États-Unis de ne pas reconnaître leur responsabilité de principal émetteur de gaz à effet de serre depuis un siècle. Elle lui reproche aussi de ne pas contribuer à hauteur de ce que permettent les finances de la première économie mondiale. Le président de la prochaine COP en Azerbaïdjan, Mukhtar Babayev, a lui promis de « créer des ponts » entre Nord et Sud.